Le bavard de Louis-René des Forêts

Le narrateur raconte l’altercation qu’il a vécue dans une boite de nuit avec un homme à qui il a volé sa compagne. C’est tout : l’entièreté du récit tient dans cette simple phrase ; en effet, le Bavard s’avère être un court roman assez déconcertant puisque le narrateur, fort désireux de se confesser, ne peut s’empêcher de bavarder, justement. Sa logorrhée s’impose comme un long et interminable ruisseau dont les multiples parenthèses et à-côtés ouverts se suivent comme autant d’alluvions.

Publié en 1946 et remanié en 1963, le Bavard s’impose comme un exercice de style troublant, dans le courant de Dostoïevski ou Faulkner, mais en épuisant les lignes fortes qu’il remplace par de pénibles accumulations de mot. Une sorte de mise en abime dont on cherche, tout de même, le sens et, surtout, le but : le bavard a tout d’un raseur.

Le bavard de Louis-René des Forêts (Gallimard, 168 pages, 8,50 euros)