La délivrance de l’erreur d’Al-Ghazâli

Rares sont ceux à le savoir, mais comme l’explique Francesca Bocca-Aldaqre dans son Nietzsche au Paradis, René Descartes a lu, annoté et s’est inspiré de La délivrance de l’erreur d’Al-Ghazâli pour écrire son Discours de la méthode. C’est dire l’importance que revêt ce texte dans l’économie de la pensée occidentale et orientale. Ici, Al-Ghazâli (1058-1111) explique comment il fut pris d’une sorte de dépression alors qu’il enseignait à Bagdad. D’un seul coup, ses cours de philosophie lui semblaient sans aucune valeur ; il n’arrivait même plus à parler ! Perdu face aux discours à tendance, voire franchement hérétiques, des matérialistes, philosophes déistes et de certains soufis, il ne savait plus à quel saint se vouer. C’est après avoir étudié ces trois branches avec constante qu’il finira par en tirer des portraits parfois cruels qu’il nous donne à lire dans son traité et c’est aussi grâce à ses études qu’il choisira franchement la voie du soufisme, seule propre à permettre au croyant de réaliser les étapes du développement spirituel et notamment prophétique. Même si La délivrance de l’erreur reste un texte de circonstance qui ne parle plus toujours au lecteur d’aujourd’hui, il n’en reste pas moins que certains passages conservent toute leur force et que ce pamphlet intéressera assurément le lecteur musulman, voire celui qui s’interroge sur les disputes théologiques dans l’Islam du 11^ème siècle.

La délivrance de l’erreur d’Al-Ghazâli (Albouraq, 196 pages, 10 euros)