La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq

Humoriste cruel et de plus en plus dégouté par son métier, Daniel se rapproche des Elohimites, une secte fondée par un illuminé prônant le clonage humain. Tout en s’investissant dans la secte et en réfléchissant à la possibilité d’une vie éternelle par le biais de clones, Daniel connaît une histoire d’amour passionnelle et malsaine avec une jeune comédienne, Esther. Enfin, en parallèle à la vie de Daniel, on suit celle de Daniel 24 puis Daniel 25, ses deux futurs clones qui évolueront dans un monde post-apocalyptique… Relire La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq aura été une expérience ambivalente. Autant certains passages sont passionnants (ceux dans la secte), autant des passages interminables et sans reliefs condamnent le rythme du livre. Sur le plan des personnages féminins, Houellebecq a rarement été aussi loin avec le personnage d’Esther d’un égocentrisme radical et qui est incapable d’envisager Daniel autrement que comme un objet. Autre point problématique, les réflexions de Daniel 24 que j’ai trouvées fumeuses au possible : est-ce moi qui n’arrive pas à suivre l’auteur ou bien ce dernier se complait-il dans l’hermétisme ? La conclusion avec Daniel 25 rattrape heureusement le tout. Bien moins réussi qu’un Plateforme ou un Sérotonine, La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq n’en reste pas moins un roman important dans l’économie littéraire de son auteur – Houellebecq croit fermement que la science remplacera les religions et imagine manifestement comme crédible et souhaitable que le clonage humain advienne pour offrir l’immortalité.

La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq (J'ai Lu, 448 pages, 8 euros)