Sophismes économiques de Frédéric Bastiat

Chantre du libéralisme économique, Frédéric Bastiat (1801-1850) était un homme politique et un économiste. Dans ses Sophismes économiques, il tient à faire la nique à ce qu’il estime être des contrevérités propagées par la classe politique et les médias. Depuis son époque, rien n’a changé ! En effet, nous sommes tous des protectionnistes qui voulons volontiers exporter nos bien mais qui refusons de voir des produits étrangers moins couteux que les nôtres pénétrer notre territoire. Finalement, c’est contre cette seule idée que Frédéric Bastiat emploie des centaines de pages. Pensant avant tout au bien du consommateur, notre économiste estime criminel d’interdire des importations de produits bon marché qui privent le bon peuple de biens peu couteux. Mais quid des entreprises qui sont lésées par la situation ? Frédéric Bastiat affirme que non seulement elles ne le sont pas mais que, plus encore ! elles gagneront à la libre concurrence. (Dans une occurrence de son livre, Bastiat mentionne l’idée de devoir émigrer pour trouver du travail dans un autre pays. En somme, l’entreprise doit être flexible : si elle ferme ses portes parce que tel pays exporte chez nous des parapluies à meilleur marché que les siens, elle devra simplement changer de secteur.) Bref, c’est un peu Disneyland que ces Sophismes économiques ! C’est bien simple : à lire Frédéric Bastiat, le marché se régule de lui-même sans aucune intervention extérieure. Il suffit de ne rien faire et de laisser l’économie (une sorte de Dieu comme l’est la Nature chez Spinoza) harmoniser tout ça. Autant dire qu’aussi intéressant soit son ouvrage, il ne m’aura pas convaincu. Je ne crois pas au grand Y’a-qu’à-faut-qu’on. Je ne crois pas que le marché est généreux et pur et que moins l’Etat intervient, plus les richesses circulent et plus le citoyen sera heureux. N’en reste pas moins qu’il faut lire Frédéric Bastiat pour réviser son point de vue sur le libéralisme économique : ce n’est pas un monstre et encore moins le Diable !

Sophismes économiques de Frédéric Bastiat (Le Belles Lettres, 290 pages, 25,50 euros)