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Le blog de Menon
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29 juin 2019

Le voyage à Ixtlan. Les leçons de Don Juan de Carlos Castaneda

914UrjidyhL

Le voyage à Ixtlan n’est pas la suite de La petite fumée ou de Voir, mais se déroule durant ces deux ouvrages. Il comporte une série de notes qui font sens et qui justifient, pour Castaneda, de les avoir réunies sous un seul et même ouvrage.  Le point central de ce Voyage consiste à stopper-le-monde. Un concept difficile à saisir, tout comme ceux exposés dans le reste de l’ouvrage. Castaneda ne fait jamais spécialement d’effort pour expliquer l’enseignement de don Juan. Il raconte ses expériences, explique ses motivations et confesse ses peurs et malaises, mais il ne conclut pas réellement et ne donne jamais à comprendre le sens profond des épreuves qu’il traverse.

Il me semble néanmoins que l’idée centrale du livre est qu’il existe, en parallèle à notre réalité, une, voire plusieurs couches qui se superposent et que l’on peut découvrir lorsque, dans une perspective de pure non-sense à la Lewis Carroll, on accepte tout d’abord 1/de s’effacer, ensuite de 2/stopper le monde et enfin 3/de Voir, c'est-à-dire de dépasser la logique cartésienne pour rentrer dans une perspective irrationnelle qui permet de défaire le réel et de percevoir une couche parallèle à la nôtre.

Tous ceux s’étant intéressés à l’œuvre de Castaneda savent qu’un parfum de mystification l’entoure (https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlos_Castaneda#Inventions_ou_plagiats_et_incoh%C3%A9rences). Mais, comme le soulignait Alexandro Jodorowsky, si Castaneda a vraiment inventé don Juan et ses expériences, il s’agit d’un cas de « tricherie sacrée » car l’œuvre qu’il a enfanté a de quoi faire tourner la tête et ne peut pas ne pas comporter une part de vérité.

N’en reste pas moins qu’au-delà de la controverse et de l’aspect ethnologique du récit de Castaneda, Le voyage à Ixtlan, plus encore que les deux précédents tomes de l’initiation auprès de don Juan, se révèle ardu à saisir. Le refus systématique de Castaneda d’expliquer le sens profond de ses épreuves et la substantifique moelle de l’enseignement de Juan donne à ce volume une densité herméneutique semblable à celle d’un conte – on sent qu’il ne nous faudrait que quelques pas pour passer de l’autre côté du miroir, mais, hélas, on reste bloqué par le sens mystérieux de plusieurs phrases et idées.

Mais assurément, à l’instar La petite fumée ou de Voir, Le voyage à Ixtlan propose une découverte ô combien déstabilisante, le comble étant atteint à la fin du livre lorsque la voiture de Castaneda disparaît et que Juan et son ami sorcier se moquent de notre héros. Les pages écrites échappent alors au domaine du simple rapport ethnographique et  on se sent alors basculer dans un autre univers, à l’instar de notre apprenti sorcier.

 

Le voyage à Ixtlan. Les leçons de don Juan de Carlos Castaneda (Gallimard, 352 pages, 9 euros)

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