La fin de Satan de Victor Hugo
Imaginez que le concept de blockbuster n’ait pas été fondé par Hollywood, mais par Victor Hugo… Imaginez un roman en vers de 200 millions de dollars de budget… Imaginez un texte d’une beauté à couper le souffle, d’une force émotionnelle rare, comme un torrent emportant votre âme au passage.
Imaginez un livre faisant la réhabilitation de Satan – donnant de ce Prince du monde le pathétique portrait de l’amant abandonné en souffrance… Imaginez une malédiction en trois temps : airain, bois et pierre – l’airain entre les mains de Nemrod, descendant de Moïse, chasseur cruel et maître du Monde, décidant un beau jour de tuer Dieu ; le bois, destiné à accueillir le corps du Christ martyrisé dans lequel s’est brisé la nouvelle jeune alliance naissante entre l’Homme et Dieu ; et enfin, la pierre utilisée pour construire la Bastille – là où meurent les Hommes jusqu’au jour de l’arrivée de la Liberté.
Certes, La fin de Satan, de Victor Hugo, est une œuvre inachevée – si on y retrouve les deux premiers éléments, la prise de la Bastille n’y est pas. Il manque aussi les chants des archanges et sans doute quelques parties mineures.
Mais quand même ! Ce qui reste de La fin de Satan est une merveille : quelque chose de puissant et sauvage, d’une beauté crépusculaire par moment, et lumineuse à d’autre. Une explosion, une révolution de sons, de mots, d’images ; un texte à vous coller des frissons dans tout le corps. L’espoir soudain qui rejaillit lors de cette « rencontre » entre Liberté et Satan.
Il y a peu d’authentique chef d’œuvre – ce texte en fait partie. Passer à côté serait un pêché…