Soufi, mon amour d’Elif Shafak

Résidant aux Etats-Unis, Ella est une quadragénaire au foyer qui réside dans un charmant pavillon avec son mari de dentiste et ses enfants. Elle est la parfaite femme d’intérieure qui cuisine pour le repas familial du soir et voit tout en rose. Mais Ella se ment à elle-même et déprime sérieusement ; il n’y a plus d’amour dans sa vie et ce vide la ronge. Décidant de travailler, elle reçoit un manuscrit à lire et commenter pour le comité de rédaction d’une maison d’édition. Un roman écrit par un certain Aziz narrant la relation fusionnelle en Sham et Rûmi, deux mystiques soufis. Cette lecture va changer sa vie… Voilà un roman qui alterne les styles et les ambiances. Le lecteur suit en effet la vie d’Ella et ses rapides prises de conscience du délabrement de sa vie puis ses échanges par mail avec un Aziz qui va très vite occuper une place centrale. En parallèle, on lit le roman sur Sham et Rûmi et on découvre la psychologie si particulière du maître Sham et la façon dont il va bouleverser la vie de ceux qu’il rencontre… Assurément, ce roman est intéressant. Je ne l’ai pas trouvé extraordinaire dans le sens où je me suis senti en retrait par rapport à l’histoire et aux sentiments des personnages. Mais, malgré tout, il m’a passionné en me donnant envie de travailler le sujet du soufisme sur lequel j’avais lu il y a fort longtemps. En effet, la personnalité fascinante de Sham, sa liberté absolue et son rapport lumineux à la religion musulmane rendent les derviches tourneurs ô combien intéressants pour sortir de la logique dualiste de l’Islam et proposer une véritable religion de l’Amour.

Soufi, mon amour d’Elif Shafak (10/18, 480 pages, 9,60 euros)