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Le blog de Menon
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26 mai 2011

Paranoïa

 

Il nous arrive à tous, un jour, de ressentir des pensées de type paranoïaque. Dans son mode d'expression première, la pensée paranoïaque nous fait croire que le monde conspire à nous mettre des bâtons dans les roues. Ainsi, certaines journées nous semblent marquées par un si grand nombre de situations à caractère inique que nous refusons d'attribuer à la malchance – exemple : nous oublions notre titre de transport ; le train est supprimé ; un contrôleur nous met une amende ; nous nous disputons avec un membre de notre équipe, etc. Face à un tel déferlement, nous voyons dans cette suite de coups du sort la preuve irréfutable que « Dieu est contre nous », que « rien ne marche comme il faut », qu'on « doit avoir un karma pourri », etc.

Dans un deuxième temps, la pensée paranoïaque se fait diablement subtile. Ainsi nous retrouvons-nous à penser ou croire des choses totalement délirantes qu'en temps normal nous refuserions vivement mais que, sur le moment, nous trouvons parfaitement normale de proférer. Des exemples ? Qui n'a pas injurié son ordinateur ? Qui n'a pas, par exemple, frapper un meuble contre lequel il venait de se cogner trop vivement ? Comme s'il était possible qu'un ordinateur se ressaisisse après une volée de noms d'oiseau et comme si le meuble nous avait attaqué alors que c'est bien nous qui l'avons « ignoré ». (la physique quantique nous oblige toutefois à reconnaître que parler à son ordinateur a bel et bien une influence sur lui – aussi fou que cela puisse paraître, c'est vrai et ceux qui s'intéressent au sujet de la physique quantique auront découvert des résultats d'expériences qui font s'effondrer toute notre rationalité ; comme quoi, la paranoïa a un fond de vérité troublant ; par exemple lorsque la même physique quantique nous affirme qu'au niveau sub-atomique tout matière apparemment solide est constituée de vide et que l'Hindouisme nous affirme que le monde est la maya, l'illusion suprême !)

De telles pensées surgissent car il nous semble que si rien ne justifie nos souffrance, si rien ne vient éclairer ou donner sens à une dépression, un accident, une maladie ou encore un cycle de malchance, alors le monde est invivable et monstrueux... Croire que nous sommes le centre du monde, voilà bien la « maladie » la mieux partagée par nos contemporains. Quand nous tombons malade, quand notre train est supprimé, quand nous sommes rejeté sans raison apparente par nos proches, nous devrions en rire et voir dans la présente situation la preuve que nous comptons pour rien et que, décidément, le monde n'a aucun autre sens que celui qu'on veut bien lui prêter. Amor fati : il s'agirait, face à n'importe quelle situation, de se dire : « Il en va ainsi et après tout, qu'y puis-je... ». La vieille sagesse stoïcienne contre la paranoïaque tentation du mauvais démiurge. Le grand éclat de rire du clochard comme un doigt d'honneur au « meilleur des mondes » de Leibniz.

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