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Le blog de Menon
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3 janvier 2008

Mémoires interrompus de François Mitterrand et Georges-Marc Benamou

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Dernière ligne de vie, dernier rendez-vous avec l'Histoire. Cette Histoire qu'il habita avec volupté et gourmandise, dernier monarque républicain qu'il était, avant de céder les clés de l'Elysée au roi fainéant Chirac. Donc, dernière ligne de vie, pour François Mitterrand qui, en tête à tête avec Georges-Marc Benamou, dicte ses Mémoires. Napoléon avait Las Cases qui ne se priva pas de modifier sensiblement les propos de son maître pour servir une vision européenne de la politique de l'Aigle. Mitterrand, en Georges-Marc Benamou, se découvre plutôt un scribe fidèle. En effet, le journaliste le questionne, l'interroge et l’aide en cela à accoucher de sa pensée. Et l'on sait, grâce au Dernier Mitterrand, que le président se relisait, se corrigeait, se raturait, ne devant visiblement qu'à lui-même de se raconter. Du reste, si Benamou est remercié en introduction du livre par l'éditeur, son nom ne figure pas sur la couverture de ces Mémoires interrompus. On a connu procédé plus délicat…

En l'état, ce livre s'avère de toute façon très intéressant et riche à lire. L'action commence avec l'emprisonnement de Mitterrand par les Allemands au Stalag et se termine hélas avant que la Gauche n'accède au pouvoir. Oui, car le titre n'a pas été choisi au hasard. Mitterrand est mort au cours de la rédaction de ce livre, ce qui a condamné tout espoir de le voir aborder le versant le plus riche de son action politique.

Malgré tout, la partie concernant la jeunesse politique de Mitterrand est très intéressante. D'autant que sont abordées les fameuses questions qui fâchent, en l'occurrence celle de Vichy et la Francique. On ne lira ici que le point de vue de Mitterrand, bien sûr, mais il paraît cohérent et juste… Enfin, ce livre permet de comprendre surtout le cheminement intellectuel d'un homme qui, à l'instar d'un Jean-Paul Sartre, aura goûté à la fraternité en prison, reconsidéré son point de vue sur les communistes et entamé une longue réflexion qui le placera en fait toujours à gauche de l'échiquier politique : en tout cas, à le lire ! Et puis, il y a la magie du verbe mitterrandien, sa grande maîtrise de la langue, son talent pour faire des images, partager ses pensées et comprendre son point de vue. A ce titre, le texte qu'il écrivit en 1943, après son évasion, et qui fait l'éloge de la géographie française, se révèle tout simplement magnifique.

Odile Jacob, 20,58 euros (épuisé)

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