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Le blog de Menon
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15 mai 2006

Ouest contre Ouest d'André Glucksmann

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La guerre en Irak a-t-elle eu un sens ? Si aujourd’hui, ce pays connaît une situation politique dramatique, devenant la proie de la violence, fallait-il pour autant ne pas intervenir ? Tout le monde sait que le dictateur est cruel, et que sa poigne de fer est garante de l’intégrité du pays… Oui, mais à quel prix ?

Si un pays dans lequel la population est opprimée mérite d’être libéré, l’est-ce au prix fort ? Au point que la violence règne en maîtresse ? Si André Glucksmman se révèle précis et sans faille dans son raisonnement sur l’importance de lutter contre le terrorisme et de sauver le peuple Irakien, il ne pouvait se douter (son livre ayant été écrit peu de temps après la victoire américaine) quelle situation dramatique cette intervention allait générer. Et donc, le drame est bien là : le gouvernement américain aurait été nettement plus inspiré s’il avait pensé à l’après conflit. On ne libère pas un peuple en l’abandonnant au nihilisme. On ne suscite pas la démocratie chez un peuple qui en ignore le sens. Aujourd’hui, l’Irak est au bord de l’implosion et nul doute que de futurs terroristes y naissent ; libérer un peuple oui, mais pas n’importe comment. Les USA auraient eu tout intérêt à agir de manière intelligente ; et pas d’attaquer un pays pour le « libérer » sans même évaluer de manière juste les conséquences de leurs actes.

Alors, Ouest contre Ouest, un livre à jeter ? Non, pas le moins du monde. Car si Gluckmann n’a pas pris conscience des conséquences politiques et humaines du conflit, il propose une analyse précise de la situation que nous vivons face au terrorisme. Et cette analyse a d’autant plus de sens que la situation actuelle que connaît l’Occident face à l’Iran s’éclaire grandement de la lecture de ce petit livre.

Pour André Glucksmann, les USA ont eu tort de défendre l’intervention en Irak sur des motifs comme les armes de destructions massives. Tort d’avoir voulu baser le lancement d’un conflit pour un motif militaire, et pas un motif humanitaire… Fallait-il intervenir ou pas ? Fondamentalement, souligne le philosophe, des hommes et des femmes étaient torturés en Irak (voir cette page qui recense les exactions commises par Saddam et ses proches politiques, c’est assez effrayant : http://www.aidh.org/hussein/sh01.htm) ; un homme, Saddam Hussein, faisait régner la terreur dans son pays et le positionnement géographique de son pays en faisait un élément signifiant dans la route des états voyou (traduction maladroite de « rogue state »). C’est bien pour libérer l’Irak qu’il fallait y aller. Et uniquement pour cela.

Glucksmann révèle à quel point l’axe Paris-Berlin-Moscou a tout fait pour minimiser le 11 septembre 2001 et déprécier l’intervention américaine. Les commentaires recueillis dans la presse, ou encore les sondages, concernant Bush et Saddam, sont assez éloquents. Lire de la plume de philosophes que les morts du world trade center ne sont que négligeables ou encore que Bush est pire que Saddam fait vraiment peine et surtout peur à voir. Pire que de la lâcheté, ce genre de raisonnements est tout simplement odieux et dénote l’indifférence à l’égard des massacrés du 11 septembre (qui pourraient un jour être nous) et du peuple Irakien (à croire que la moustache de Saddam suffisait à en faire un gentil général au yeux de l’opinion mondial).

Le philosophe en profite aussi pour fustiger l’insupportable attitude des pays démocratiques à l’égard de Moscou, y compris les USA, qui donnent leur aval à un pays dans lequel les libertés sont restreintes, où la mafia règne, où la corruption a le droit de cité, et qui surtout massacre patiemment le peuple Tchétchène dans l’indifférence la plus générale…

Le nihilisme (celui des terroristes ou des Etats voyou) est la peste de ce 21e siècle et il nous est désormais impossible de faire comme si elle n’était pas une réalité. Concrètement, un bloc Ouest est resté dans l’ignorance de cela et dans la certitude que nous sommes dans la période de la fin de l’Histoire (Francis Fukuyama après Hégel) et que rien de plus ne peut se passer. Un mur est tombé, mais le monde n’a jamais été aussi inquiétant.

Tirons donc les conséquences du confit irakien. Mais une chose est sûr : se réfugier dans les bras de Moscou pour faire la nique au géant américain n’est sans doute pas la solution. Et lorsque l’on constate que le conseil de l’ONU a un mal fou à donner un ultimatum clair à l’Iran – et ce, parce que la Chine et la Russie ont des liens économiques avec elle : les deux pays font le forcing pour empêcher que l’ultimatum implique la possibilité d’une menace militaire – on réalise à quel point nous nous trouvons dans une situation tendue et préoccupante.

Relire Ouest contre Ouest permet donc de se demander ce que nous voulons faire de ce monde, sur quelle base nous estimons que le dialogue doit s’engager avec des pays qui menacent d’en rayer d’autres de la carte et à quel prix nous sommes prêts à nous engager ou à détourner le regard.

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Commentaires
F
Pour l'instant, je n'ai pas trouvé le nombre d'entrées. Mais étant donné que le prix moyen du ticket est de 6,21$ aux Etats-Unis, on doit pouvoir calculer un nombre d'entrées. En gros, cela correspondrait à plus de 10 millions d'entrée pour l'instant sur 2 jours. Le biais ne doit pas être significatif.<br /> <br /> Attention, le nombre d'entrées n'est pas égal au nombre de personnes qui ont vu le film. Il faut trouver un moyen de tenir compte qu'une personne peut voir le film plusieurs fois. Il doit bien exister quelquepart une statistique indiquant en moyenne combien de fois un spectateur va voir ce film.
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M
Merci pour les infos. Maintenant, plutôt que les chiffres d'entrée, il nous faudrait avoir le nombre de spectateurs.
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F
Pour Info, on est déjà à plus de 60 millions de dollars d'entrée aux USA, 2 jours après sa sortie.
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F
Dans mon souvenir, c'est ce qui était écrit sur le porche, à l'entrée de l'académie de Socrate: "Nul n'entre ici si il n'est géométre".
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M
De qui est cette citation finale ? Je ne l'ai jamais entendue...
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