Béatrix de Balzac

Avec Balzac, c’est souvent quitte ou double. Soit on découvre un roman fabuleux, soit on s’ennuie. Beatrix fait hélas partie de la seconde catégorie des œuvres du maître. L’intrigue est assez plate, jugez-en : nous sommes en Bretagne. Le jeune Calyste du Guénic aime madame Félicité de Touches, artiste bien plus âgé que lui. Mais il a un rival en la personne de Claude Vignon. Lorsqu’arrive la très bonne amie de Félicité, Béatrix de Rochefide accompagnée de son amant Gennaro Conti, un artiste lyrique, Calyste en tombe amoureux et se désintéresse de Félicité qui, ô coïncidence troublante, se prenait justement d’amour pour le jeune homme. Bien qu’éprise, Félicité décide d’aider Calyste à séduire Béatrix qui se joue des sentiments du pauvre garçon… On a donc le droit à un méchant marivaudage fortement inspiré par les amours de Georges Sand et Franz Liszt. Le roman se traîne, Balzac ne semblant guère inspiré. Les phrases, lourdes, donnent l’impression que l’auteur ne sait pas trop où il va, se complaisant dans l’étude de la passion amoureuse dont on finit rapidement par se lasser, les protagonistes du récit n’étant guère aimables. On pourra faire une exception pour Félicité mais on finit tout de même par se demander pourquoi elle se sacrifie ainsi puisque Balzac ne croit pas bon de nous faire pénétrer ses pensées sur le sujet. L’auteur, pourtant psychologue, délaisse ainsi des introspections que le lecteur aurait souhaitées pour son édification. Certes, le roman se laisse lire, malgré les critiques qui précèdent, avec un certain intérêt – Balzac reste tout de même plus fréquentable que la majeure partie des romanciers actuels, même s’il ne donne pas le meilleur de lui-même ! Tout de même, cette Béatrix ne restera pas dans ma mémoire comme une personne dont je souhaiterais recevoir des nouvelles.

Béatrix de Balzac (Flammarion, 384 pages, 7,90 euros)