L’homme aux statues – Freud et la faute cachée du père de Marie Balmary

Voilà un ouvrage remarquable pour les passionnés de psychanalyse et de la vie de Freud. Marie Balmary a noté que contrairement à ce que la doxa affirme, Jakob Freud, père de Sigmund, a eu trois femmes. L’une d’elle, Rebecca, n’est connue de personne – un véritable fantôme. Pour Marie Balmary, Jakob a commis une faute. Elle ne fait pas appel au concept de secret de famille. Clairement, elle identifie le « silence » autour de Rebecca comme un crime dont le père Jakob est responsable. Elle relie alors ce crime à celui dont Freud estimait les pères coupables avant qu’il ne forme la théorie œdipienne. Ainsi, il semble que, pour elle, Sigmund ait eu une compréhension inconsciente de l’existence de Rebecca – les indices que récolte Marie Balmary sont nombreux et spectaculairement troublants. Assurément, L’homme aux statues – Freud et la faute cachée du père s’impose comme une lecture immersive et passionnante – un véritable roman policier ; une plongée dans la psyché de Freud et dans un secret de famille sur laquelle l’auteur ne peut que rester muette puisque le secret est enterré avec Jakob – Balmary n’hésite toutefois pas à remettre le complexe d’Œdipe en question pour réévaluer la première théorie de la doctrine freudienne dirigée contre les pères de ses patientes. Bien sûr, la lecture du Crépuscule d’une idole de Michel Onfray invite à remettre les choses en perspective mais n’en reste pas moins que L’homme aux statues – Freud et la faute cachée du père s’avère exceptionnel.

L’homme aux statues – Freud et la faute cachée du père de Marie Balmary (Grasset, 306 pages, 16,80 euros)