Elektra & Wolverine de Greg Rucka et Yoshitaka Amano
Après que DC ait eu l'idée pas évidente, mais au final géniale, de faire travailler ensemble Neil Gaiman et Yoshitaka Amano sur un récit consacré au personnage culte de Gaiman, Sandman (The dream hunter), la Marvel s'est dit que c'était quand même trop bête de ne pas avoir elle aussi un superbe album à vendre (DC avait fait la même chose en demandant à Alex Ross de venir bosser pour eux après voir vu son magnifique Marvels).
Seulement voilà : Neil Gaiman est un romancier, un vrai et un bon. De plus, il a clairement situé son histoire de Sandman, le gardien des rêves, dans un environnement asiatique. Marvel, quant à elle, demande à Greg Rucka d'officier avec le dessinateur de Final Fantasy. Rucka est un bon auteur de comics. Je n'ai jamais lu ses romans. Mais ici, le style et la narration valent ce qu'un auteur d'une fan-fiction aurait écrit ! A moins qu'il ne faille incriminer la traductrice, le résultat ferait passer Twilight pour un chef d'oeuvre de la littérature.
L'histoire n'en n'est pas pour autant mauvaise. Elle narre la première rencontre entre Wolverine et Elektra, le tueuse ninja, ancienne amante de Daredevil. Avec Rucka, impossible d'imaginer une histoire sans femmes fortes. De ce point de vue là, pas de déception : Elektra est glacial et létale, Avery, la mystérieuse jeune fille qu'elle refuse de tuer, déconcertante et dangereuse et Victoria, sa mère, n'est ni bonne, ni mauvaise, mais simplement perdue. Face à elle, Wolverine paraît bien pataud et maladroit. Quant à Kieffer, un barbouze qui vient le recruter pour assurer la protection d'Avery, c'est une ordure de première.
Pour illustrer son court roman, Amano ne déploit hélas pas le talent qui lui est coutumier. L'histoire se situe dans une grande ville américaine et Amano a bien du mal à dessiner des personnages normaux. Son Logan est bon, son Elektra aussi mais pas la mère et la fille. Sans compter que tout semble avoir été fait rapidement. Trop même. Sous tous les dessins, on distingue les traits du croquis. Effet de style ou résultat dû à la précipitation ? Difficile de croire qu'Amano n'ait pas soigné son travail. Mais quand l'auteur confie qu'il a passé son temps à photographier des poubelles à New-York pour préparer son album, on se dit que Marvel aurait du lui proposer de bosser avec un autre auteur dans un environnement magique.
Néanmoins, malgré toutes les critiques formulées, je ne peux pas détester cet album : l'histoire est intéressante, les personnages réussis, Amano réussit quelques belles peintures et on sent que l'histoire a été écrite avec sincérité. Cela fait pas mal de raisons pour que cet album soit bien au dessus de la production courante.