Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski

Ma première lecture du Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski remonte à environ vingt ans. Je n’osais, depuis, relire cet ouvrage tant il m’avait fait un effet considérable et donné envie de me plonger dans la littérature russe. J’aurais mieux fait de suivre mon intuition et de conserver ainsi intacte ma première et grande émotion.

On suit ici Raskolnikov, un étudiant sans le sou qui voulant devenir un futur géant de l’humanité estime qu’il a le droit de tuer – tuer pour récolter un argent qui lui fait défaut et pour transgresser un interdit qui ne convient pas au héros qu’il sera. Seulement, le poids des remords se fait vite sentir… L’histoire a-t-elle inspiré la série télévisée de Columbo ? On retrouve en effet une narration nous plaçant du côté du criminel avec un enquêteur semblant deviner au premier regard que Raskolnikov a commis un crime. Mais croire que Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski serait un roman policier est une erreur. Il s’agit bien plutôt d’une étude psychologique sur un personnage type – le nihiliste aux idées nouvelles, c’est-à-dire progressistes. Bref, une graine de socialiste – le pire ennemi qui soit pour le grand romancier russe.

Aussi intéressant soit ce sujet, il me semble que le roman ne lui donne pas sa pleine dimension en pêchant par ses longueurs. Il ne se passe pratiquement rien et les personnages parlent essentiellement pour ne rien dire. Cela est commun à toutes les œuvres de Dostoïevski mais, du coup, la peinture psychologique et la notion de châtiment se retrouvent noyés dans une chronique sociale du sous-prolétariat, aliéné par son orgueil et sa grande pauvreté. Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski est donc aussi un roman sur la plèbe russe.

Assurément, Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski est un classique absolu de la littérature russe mais je pense qu’il nécessite qu’on lui consacre un temps certain, une grande concentration ; que l’on fasse en somme abstraction de toute distraction pour s’y consacrer comme on se consacre à la lecture de la Bible. De plus, en fonction de son âge et de son milieu social, on éprouvera des sentiments fort différents à la lecture d’un livre qui renvoie chaque lecteur à une enquête intérieure exigeante : quel regard portons-nous sur le crime et comment considérons-nous le châtiment.

Crime et châtiment de Fédor Dostoïevski (édition numérique gratuite)