Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie d’Emmanuel Faye

J’avais déjà lu à plusieurs reprises ce massif ouvrage consacré aux cours de Martin Heidegger durant la période nazie de l’Allemagne. A ma grande honte, je ne le comprenais pas, me perdant dans les citations et les rapprochements avec d’autres penseurs affiliés au régime. Cette relecture aura été la bonne – tout s’est éclairé. Bien que le livre collectif Heidegger à plus forte raison a sévèrement égratigné la méthode d’Emmanuel Faye (qui n’hésite pas à tronquer des citations ou à prélever telle ou telle phrase qui ira dans son sens), n’en reste pas moins qu’on ne peut plus douter de la compromission totale du penseur de l’Etre avec le régime nazi. Si on peut sourire en lisant un Emmanuel Faye imaginant que lire les œuvres intégrales de Heidegger transformera les philosophes en nazis (sic), on ne pourra que souligner la nécessité d’un tel ouvrage car les concepts heideggeriens (comme la différence ontologique) apparaissent ici sous un jour nettement plus troublant. L’occasion pour Faye, enfin, de remettre sévèrement en cause le travail de François Fedier, exécuteur testamentaire de Heidegger, lorsqu’il traduit Heidegger dont il édulcore les textes de l’époque.

Heidegger, l’introduction du nazisme dans la philosophie d’Emmanuel Faye (Le Livre de Poche, 768 pages, 9,90 euros)