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Le blog de Menon
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8 janvier 2021

L’homme aux rats – in Cinq psychanalyses de Sigmund Freud

sans-titre

« Le 1er octobre 1907, Freud entreprend l’analyse de l’homme aux rats, dont il tirera l’une de ses Cinq Psychanalyses. Ce manuscrit, constitué des notes prises après chaque séance, n’était pas destiné à la publication. Il fut confié par la fille de Freud à Daniel Lagache, qui en assura la publication. C’est un document de grande importance, car il révèle la façon dont Freud analysait, transcrivait, puis remaniait et réinterprétait en vue d’une publication ultérieure. Cette édition bilingue est donc un document témoignant du travail de Freud.

*

Ernst Lanzer est obsédé par l’image d’un supplice chinois qui consiste à ligoter un homme et à l’asseoir sur un pot dans lequel se trouve un rat. La bête, affolée, n’a d’autre moyen que de rentrer dans l’homme. L’issue en est la mort pour les deux parties. On ne livrera pas ici « la solution de l’idée aux rats » pour ne pas gâcher le plaisir de la fin au lecteur. On peut simplement dire que le rat, charriant la peste comme dans la légende allemande du joueur de flûte, est pour Freud une part archaïque de la psyché d’Ernst Lanzer, qu’il combat et qui cherche à réintégrer à tout prix sa psyché. Le rat est son refoulé, son enfer quotidien, qui agglutine le plaisir à la souffrance, le châtiment à la jouissance. Freud précise à cette occasion les concepts de culpabilité et de masochisme. En parlant, Ernst Lanzer fait sortir le rat au soleil, et celui-ci, d’abord aveuglé et apeuré, finit par s’humaniser, en une métamorphose bouleversante. L’Homme aux rats est aussi l’histoire d’une guérison. Cette guérison n’est possible que par l’alliance extraordinaire entre le médecin et son malade. Nous sommes en 1909. Freud complète sa théorie de la névrose en écoutant attentivement Ernst Lanzer, cerne le concept d’ambivalence, promis à un grand avenir, comme chez Melanie Klein. Réciproquement, le médecin explique à son malade sa théorie, s’identifie à lui (écrivant à Jung « Je suis plutôt du type obsessionnel ») et affine ainsi le concept du contre-transfert. Cette identification permet aussi l’identification du lecteur, qui chemine ainsi entre la théorie et la pratique de Freud, expliquée pas à pas, comme dans une bonne enquête. On sort éclairé de la lecture de ce livre. A l’une des obsessions d’Ernst Lanzer, la cure viendra répondre comme une torture libératrice. Soumis à la bienveillante question de Freud, obligé de réfléchir sur lui-même, le malade trouvera une issue inédite à sa maladie. Ce faisant, Freud permettra à Œdipe d’échapper à son destin, après lui avoir fait reconnaitre la force terriblement contraigante du fatum. Ironie tragique, Ernst Lanzer, guéri, mourra quelques mois plus tard à la guerre. Qui est fou en fin de compte? Le malade ? La société ? Freud n’en dit rien, mais on peut penser que le futur auteur de Malaise dans la civilisation, décrivant les phénomènes de psychose collective comme la guerre ou le nazisme, avait gardé Ernst Lanzer dans un coin de sa tête. Les malades ne sont pas forcément ceux qu’on croit.

(D. Berthezène) »

 

Une étude de cas somme toute très classique puisque tout tourne autour du papa et de la maman et du complexe d’Œdipe, comme de juste. D’autant que le cas a été récrit par un Freud qui n’aura jamais guéri personne comme le démontre le Livre noir de la psychanalyse.

L’homme aux rats – in Cinq psychanalyses de Sigmund Freud (PUF, 672 pages, 15,50 euros)

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