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5 septembre 2020

La révolution aux portes – Sur Lénine de Slavoj Zizek

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Il y a quelque-chose d’émouvant à lire les textes de Lénine de 1917 au moment même où débute la révolution – une révolution prolétarienne vite récupérée par des socialistes libéraux bien d’accord pour s’allier à la bonne bourgeoisie. Contre eux, et depuis Zurich (où il est exilé) ; puis, au cœur de l’action, en Russie, voilà que Lénine tonne : la révolution bolchévique est possible, ici et maintenant. Contre son propre partie, contre tout le monde, seul et totalement sûr de lui, il se bat pour que le Parti décide de prendre les armes et de franchir le Rubicon.

Pour accompagner ces textes, Zizek livre d’étonnants commentaires. Des commentaires n’ayant en fait pas pour but d’analyser les propos mêmes de Lénine, mais plutôt d’interroger notre situation actuelle : où en sommes-nous vis-à-vis du Capitalisme ? Des masses ? Et de la révolution. Oui, la révolution est possible, confirme Zizek, parce que le Capitalisme reste une barbarie. Il s’agit donc d’interroger notre désir, de regarder le miroir que nous renvoie la société, les films et romans : ne serions-nous pas ces déchets que balayent les Capitalistes ? Donc, revenir à Lénine, reprendre le mouvement de penser contre tout un chacun, contre le monde, contre tous ceux qui parlent pour, à l’instar du camarade Lénine, accepter de faire la révolution : rien n’est possible, c’est ici et maintenant que tout se fera.

On n’est pas obligé de le croire et on pourra noter que ses commentaires peuvent aussi être lus comme de vaines tentatives de vouloir donner du contenu à une idéologie qui n’en a plu. Le problème de Zizek, c’est qu’il est très fort pour accumuler un nombre incalculable de propos qui semblent brillants ; mais, très vite, on réalise que cette accumulation ne va dans aucune direction, c’est une sorte de gros plat de résistance qui nous remplit, mais nous laisse curieusement insatisfait.

La question se pose : de quoi Zizek est-il le nom ? De quelle idéologie post-moderne qui se complait dans l’accumulation d’analyses hégelanio-lacaniennes ? Pour Zizek, la révolution pourrait être aux portes. Mais pour nous, il n’y a plus de portes.

 

La révolution aux portes – Sur Lénine de SlavojZizek (Le Temps des Cerises, 346 pages, 20 euros)

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