Limonov d’Emmanuel Carrère

« Édouard Veniaminovitch Savenko, dit Édouard Limonov, né le 22 février 1943 à Dzerjinsk et mort le 17 mars 2020 à Moscou, est un écrivain soviétique puis français et enfin russe et dissident politique, fondateur et chef du Parti national-bolchevique », nous fait savoir Wikipédia. Ce n’est pas à l’occasion de sa mort, mais le 1^er septembre 2011, que parut cette biographie du dissident russe, signée par Emmanuel Carrère et récompensée par le prix Renaudot la même année.

Magistral, passionnant ! Voilà les qualificatifs venant à l’esprit à la lecture de ce récit servie par l’écriture sèche mais précise et analytique de Carrère ; amateur de personnages troubles (L’adversaire), ce qui ne l’empêche pas de faire preuve d’empathie à l’égard de son sujet d’étude.

Torturé, violent, mais aussi courageux, compassionnel et donquichottesque, Edouard Limonov a vécu une vie passionnante et fascinante dont on se repait. Une vie de héros, une vie dangereuse, sale et violente, mais une vie d’aventurier, réel, forte et qui donne envie d’être partagée.

Au-delà des aspects parfois sulfureux de sa personnalité (éloge de Staline, fascination pour le nazisme, relations plus que troubles avec les bourreaux serbes de la guerre en Yougoslavie), Limonov n’en paraît que plus humain, notre frère, notre semblable, et cette biographie, une fois reposée, donne l’impression d’être parti dans un autre monde (pourtant, ce n’était qu’hier) ; un monde où on pouvait encore devenir le héros de sa propre histoire.

Limonov d’Emmanuel Carrère (Gallimard, 496 pages, 9,10 euros)