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Le blog de Menon
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21 janvier 2020

Carnet de pèlerinage de Swâmi Râmdas

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Dans ces Carnets de pèlerinage (découpés en deux parties et se déroulant, en Inde, dans les années 1920), Swâmi Râmdas raconte ses pérégrinations sur les routes. Ayant quitté famille et travail, le voilà devenu un renonçant parti célébrer Dieu où qu’il soit, où qu’il se reflète et pour tout un chacun.

C’est parce que son propre père lui a confié le Ram Mantra (soit l’équivalent, chez les chrétiens, de la prière du Cœur. A ceci près que le mantra ne peut être répété de manière effective sans qu’une initiation de maître à disciple ait permis à ce dernier de le répéter de la manière la plus orthodoxe) que Swâmi Râmdas est devenu esclave de Ram (avatar de Vishnou dont les aventures sont contées dans le Râmâyana). Depuis, il voit dieu en tout ; chez l’autre, mais aussi en lui-même. Refusant de penser par ses propres moyens, notre Renonçant avance au gré des intuitions que lui communique Ram et se laisse faire totalement, s’abandonnant à sa miséricorde.

Assurément, Carnets de pèlerinage est un très beau livre qui élève l’âme et propose une édification très forte pour celui qui voudrait s’avancer sur le chemin de Dieu, et ce dans l’abandon total à sa Personne. Dans la première parie des Carnets, le récit reste empreint d’une lumière chaude dans laquelle le lecteur se sent baigner. Dans la seconde partie, et ce, paradoxalement, alors que la première partie du livre s’achève sur une expérience spirituelle très forte, Swâmi Râmdas abandonne son ton « religieux » pour un ton primesautier et délicieusement ironique.
Le lecteur a de quoi s’interroger : raconté à la troisième personne, ces Carnets donnent l’impression d’avoir été consignés par un tiers observateur. Or, il n’en est rien. C’est bien Swâmi Râmdas lui-même qui écrit. Et, étrangement, alors même qu’il se présente comme un doux innocent baignant dans la béatitude, le ton adopté pour parler des épreuves de son voyage et des personnes rencontrées dénote, comme nous l’avons dit, une ironie parfois même mordante. Un tel hiatus parait inapproprié et donne à ce très bel ouvrage une note paradoxale : Swâmi Râmdas est-il bien celui qu’il prétend être ? Comment peut-on voir Ram en tout et, dans le même mouvement, considérer avec moquerie les travers des uns et des autres ?

N’en reste pas moins, malgré nos légitimes remarques, que l’expérience de Swâmi Râmdas nous semble de première importance et que ces Carnets de pèlerinage méritent d’être lus de près et gardés dans le cœur de tous ceux partis en quête de Dieu.

 

Carnet de pèlerinage de Swâmi Râmdas (Albin Michel, 540 pages, 12,20 euros)

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