Qu’est-ce que le fascisme ? de Maurice Bardèche

Moi, je veux bien ! Le fascisme, c’est cool, certes. Les costumes étaient jolis et puis, après tout, ils n’aimaient pas les communistes et, au final, c’était une chouette expérience politique, non ? Comment ? Pardon ? Ah ! les tabassages en règles dans la rue, la violence verbale, policière et militaire ? Les guerres et camps d’extermination ? Comment dire… Maurice Bardèche n’en sait trop rien. Comprenez-le : il ne définit même pas ce qu’il entend par fascisme ! C’est un comble dans un livre qui est censé dire ce qu’il en est. Tout juste apprendra-t-on qu’il s’agit d’une doctrine sociale (mais contre-communiste) et d’un ordre moral supérieur, c’est-à-dire qui souhaite tirer la nation vers le haut et lui proposer un idéal de vie et une mission héroïque. Bardèche précise : honni soit Hitler et ses exactions contre les juifs ; honni soit la violence perpétuée contre ceux qui n’adhéraient pas au nouveau régime ; honni soit de Franco qui n’aura jamais été un authentique fasciste ; honni soit de Vichy dont le Travail, famille, patrie n’a rien de la flamboyance fasciste authentique.

Bon, vous l’aurez compris, tout cela est un peu flou. Qu’est-ce qui fut authentiquement fasciste ? A en croire Bardèche, le fascisme italien en son début et à la fin, à Salo. Le reste ? Pas du vrai fascisme. Mouais : c’est tellement mince comme période qu’on se demande si le fascisme (celui de Bardèche) a jamais existé.

Au fond, je crois comprendre que Bardèche est un national-socialiste : oui au socialisme contre-révolutionnaire et oui au nationalisme qui exprime l’essence d’un peuple.

Dans ce cas, son fascisme n’est plus du tout repoussant. S’il vomit l’antisémitisme et les camps d’extermination et toute forme de violence exercée contre les opposants au régime, le fascisme apparaît nettement plus fréquentable. Un peu comme le communisme de Badiou et Zizek en somme.

Ce petit livre se dévore : très simple à lire, bien écrit, c’est le genre de bouquin qu’on ne lâche pas une fois entamé ; mais, néanmoins, Bardèche manque cruellement de rigueur : aucune définition claire de ce qu’est le fascisme, aucune étude historique, une vision superficielle et angélique. Bref : du travail de propagande qui ne convaincra que ceux qui sont déjà convaincus.

N’en reste pas moins que le fascisme de Bardèche donne envie : si ce mouvement avait eu la hauteur que lui souhaitait cet essayiste, assurément il serait aujourd’hui regardé comme une bien belle expérience politique.

Qu’est-ce que le fascisme ? de Maurice Bardèche (KontreKulture, 144 pages, 15 euros)