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2 août 2014

Contre Marcion de Tertullien

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Cet essai magistral (mais lourd, ô combien !), s’inscrit dans ce que l’on pourrait appeler le projet d’une anthropologie chrétienne réaliste et intégrale. Marcion refusait le dieu de l’Ancien Testament et estimait que le Christ est venu annoncer un nouveau dieu qui n’aurait été qu’Amour et douceur. Mais une telle doctrine n’aboutit – outre le fait qu’elle est scandaleusement fausse – qu’à une complète aberration : l’Homme n’est cause de rien ; sans histoire sainte ; indigne d’exister ; sa chair, sa sexualité, son mode de vie : tout cela appelle le dégoût, le déni, l’indécence. Le Christ – le vrai, celui des Evangiles – en reliant le Dieu terrible de Moïse à celui d’Amour raconte qu’une histoire s’est racontée et que cette histoire a évolué en fonction de la course de l’Homme dans l’Histoire : Dieu s’incarne dans les limites de la pensée humaine et, avec son arrivée, c’est une nouvelle perspective qui s’ouvre, celle d’une dimension prodigieusement généreuse de Dieu. Mais dans laquelle n’est pas pour autant absente la notion de jugement, ce que l’on tend fréquemment à oublier. Car Amour ne se départit pas de Châtiment. Et c’est ce que Marcion refuse et que Tertullien martèle : il ne peut y avoir ni grâce, ni Amour sans Haine et Jugement. Le Dieu de Jésus est certes Amour, mais que le Chrétien soit averti : il sera jugé comme les autres et son père, tout tendre qu’il soit pour ses enfants, ne fermera pas les yeux sur ses pêchés. Forcément, ce n’est pas agréable à s’entendre dire. Mais quoi ! Faudra-t-il taire la vérité pour complaire aux ravis de la crèche ? 

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