Les travailleurs de la mer de Victor Hugo
Il est devenu difficile de lire aujourd’hui un tel ouvrage si on le prend dans une édition sans appareil critique. En effet, le père Hugo use et abuse du vocabulaire maritime, au point où on reste souvent interdit face à des descriptions auxquelles on ne comprend rien. Mais le cœur de l’histoire, me direz-vous ? On peut le résumer ainsi : après qu’un steamer se soit échoué en mer, un jeune marin – séduit par la fille de l’homme qui l’a fait construire – se rend au lieu du naufrage pour en sauver la machine afin de remporter la main de la nièce du gentleman. L’histoire, il faut bien le reconnaître, met un temps bien long avant de démarrer. Hugo prend en effet tout son temps pour nous faire découvrir ses personnages au point où on finit par se demander si on ne va pas simplement assister à un défilé sans récit. Mais c’est sans compter le morceau de bravoure du sauvetage du steamer. Là, Hugo signe des pages magnifiques consacrées à la lutte d’un homme confronté aux flots déchaînés. Des descriptions dantesques qui donnent l’impression au lecteur d’être là, tout près de Gilliat – le héros – et de sentir les vagues immenses tenter de l’avaler en leur sein mortifère.