Vive la mort !

Le Hagakure – « guide pratique et spirituel destiné aux guerriers » (Wikipédia) – écrit pour les samouraïs nous enseigne que l’amour fanatique de la mort est essentiel au samouraï pour tenir son rang. Je crois, effectivement, que si nous vivions chaque minute de notre vie comme si elle allait être suivie par notre mort, notre rapport au temps et à l’être serait radicalement différent.

« Notre sœur la mort », écrivait saint François d’Assise dans son Cantique des créatures… pourquoi sommes nous si vaincus par elle ? Pourquoi ne l’aimons-nous pas ? Quand un de nos proches meurt, nous pleurons toutes les larmes de notre corps alors même que nous devrions nous réjouir. Car le voilà libéré et en bonne compagnie. Mais s’il n’y a rien, me direz-vous, qu’un pur néant après la mort, alors notre proche sera dissout ! Mais comment voulez-vous que le pur néant puisse être ? Avez-vous déjà expérimenté la non-existence ? Une telle idée constitue une aberration évidente. Le néant n’est pas : tout dans l’univers nous démontre qu’il y a quelque-chose et non pas rien. Donc, quelles que soient nos croyances, une fois mort, nous rejoignons quelque-chose et, possiblement, après un certain temps (Purgatoire).

De fait, bien souvent, nous pleurons nos disparus parce que nous regrettons de ne pas leur avoir dit ce que nous éprouvions pour eux. Il est donc facile de ne pas connaitre une telle déception en simplement parlant en temps et en heures. Aussi, nous pleurons parce que nous ne le reverrons plus et nous voilà bien triste. Mais c’est une pensée ô combien égoïste : nous pleurons plus sur nous que sur le disparu. Nous devrions en fait nous réjouir pour lui de se voir libéré des contingences.

La mort, oui, doit être aimée avec un fanatisme totale. Nous devons la convoiter et la désirer autant que la fortune et l’amour. Elle nous libèrera de mille poids et nous apportera la tranquillité de l’âme. Car celui qui est déjà mort au monde ne le craint plus. Il l’habite. Paisiblement.