La Kabbale pratique de Robert Ambelain

Avant de devenir un pourfendeur des religions, Robert Ambelain fut magicien et dans cet ouvrage, il introduit à la Kabbale et permet non seulement d'en comprendre la philosophie mais d'en opérer les rituels sacrés : c'est peu de dire que cet ouvrage met mal à l'aise.

Tout ce qui concerne la métaphysique juive, les sephiroths et leurs relations est passionnant. Très complexe, mais très riche et ouvrant des perspectives sur la pensée du divin qui sont d'un poids non négligeable.

Par contre, tout ce qui concerne la magie met singulièrement mal à l'aise. Les rituels sont en effet d'une telle complexité et d'un tel coût, qu'à part dégoutter son lecteur, je ne vois pas quel intérêt  Ambelain eut à en révéler les mécanismes. A moins, bien sûr, qu'il ait caché des vérités simples et immédiates sous un fatras d'indications, ce que je ne suis pas loin de croire, un mage ne révélant pas des secrets aussi facilement.

De plus, Ambelain a beau jeu d'affirmer que la magie de la Kabbale est sacrée et qu'à la différence de la magie classique elle ne cherche pas à dominer les forces mais à quémander aux puissances divines (en l'occurrence, les Anges). En réalité, le résultat est ici le même et ce qui met mal à l'aise, c'est de voir que les Anges sont considérés comme dangereux et pour tout dire, « démoniaques ». Je crois comprendre son point de vue ainsi : on peut, à l'aide d'une loupe, réfléchir de la lumière émanant du soleil pour faire brûler des feuilles qui mettront le feu à une maison. Le Soleil, Dieu, n'est en rien responsable de la flamme allumée par la manipulation du magicien. Mais tout de même... A lire Ambelain, on a bien du mal à concilier les formules de supplications et de soumissions à Dieu avec l'impression très gênante que le mage doit manipuler des puissances célestes dangereuses pour obtenir des bénéfices personnelles.

Quelque chose ne tient pas la route.