Ghost Rider - la vallée des larmes par Garth Ennis et Clayton Crain
Habituellement, les récits de l'Anglais Garth Ennis sont une injure au bon goût. Dans The Pro, une prostituée est recrutée par la grande équipe de super-héros de son monde. C'est laid et bête. Dans The Boys, on découvre que les super-héros sont des ordures : ainsi le Superman locale oblige la nouvelle recrue de son équipe à lui faire une fellation. D'une façon générale, Ennis cherche à avilir le super-héros, à le rendre sale et puant. Sans doute veut-il affadir ce qu'il y a de nobles chez eux pour qu'il se sente plus confiant et sûr de lui...
Mais toujours est-il que, parfois, Ennis se révèle compétent. Ainsi en a-t-il été de la création du Darkness (Top Cow) ou de cette mini-série sur le Ghost Rider. Comme le « cavalier fantôme » est une entité de la vengeance immortelle, elle a bien sûr pris possession de nombreux mortels au cours des siècles. Ainsi, cette histoire met en scène un soldat sudiste sauvé lors d'une bataille par un ancien esclave noir affranchi. Il vit au milieu de leur famille et abandonne ses préjugés racistes. Après avoir cherché fortune à la frontière avec les Indiens, il revient rendre visite à ses amis, mais apprend leur mort de la main du Klu Klux Klan. Il décide donc de retrouver les assassins et de les faire payer.
Superbement dessiné par Clayton Crain, dont le style travaillé à l'ordinateur donne une dimension forte au récit – et qui évite tout aspect artificiel – cette histoire se dévore jusqu'à sa conclusion finale qui s'avère forte et intelligente. Il n'y a ni bien, ni mal : juste des êtres humains face à des choix et qui font ce qu'ils peuvent. Une leçon forte pour un album que n'importe qui peut lire, même et surtout s'il est totalement réfractaire au super-héros.