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Le blog de Menon
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15 février 2010

Ghost Rider - la vallée des larmes par Garth Ennis et Clayton Crain

ghost

Habituellement, les récits de l'Anglais Garth Ennis sont une injure au bon goût. Dans The Pro, une prostituée est recrutée par la grande équipe de super-héros de son monde. C'est laid et bête. Dans The Boys, on découvre que les super-héros sont des ordures : ainsi le Superman locale oblige la nouvelle recrue de son équipe à lui faire une fellation. D'une façon générale, Ennis cherche à avilir le super-héros, à le rendre sale et puant. Sans doute veut-il affadir ce qu'il y a de nobles chez eux pour qu'il se sente plus confiant et sûr de lui...

Mais toujours est-il que, parfois, Ennis se révèle compétent. Ainsi en a-t-il été de la création du Darkness (Top Cow) ou de cette mini-série sur le Ghost Rider. Comme le « cavalier fantôme » est une entité de la vengeance immortelle, elle a bien sûr pris possession de nombreux mortels au cours des siècles. Ainsi, cette histoire met en scène un soldat sudiste sauvé lors d'une bataille par un ancien esclave noir affranchi. Il vit au milieu de leur famille et abandonne ses préjugés racistes. Après avoir cherché fortune à la frontière avec les Indiens, il revient rendre visite à ses amis, mais apprend leur mort de la main du Klu Klux Klan. Il décide donc de retrouver les assassins et de les faire payer.

Superbement dessiné par Clayton Crain, dont le style travaillé à l'ordinateur donne une dimension forte au récit – et qui évite tout aspect artificiel – cette histoire se dévore jusqu'à sa conclusion finale qui s'avère forte et intelligente. Il n'y a ni bien, ni mal : juste des êtres humains face à des choix et qui font ce qu'ils peuvent. Une leçon forte pour un album que n'importe qui peut lire, même et surtout s'il est totalement réfractaire au super-héros.

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Commentaires
M
Surtout qu'il n'y a de rien de mauvais dans Darkness. La série se tient très bien, tout du moins à ses débuts et l'ambiance vaut le coup. C'est certainement moins trash que ses autres titres et c'est sans doute pour cela que j'aime bien.
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D
Ennis considère que "The Darkness" est une œuvre de commande, impersonnelle, faite à la truelle, dans laquelle il n’a pas pu exprimer son talent librement, elle ne lui aurait servie qu’à payer ses impôts… Pourtant, son "Punisher Max" est aussi une série de commande et à rallonge, elle fut extrêmement lucrative, mais elle reste intéressante... <br /> <br /> Bref, son argumentaire me semble hypocrite. Dans le monde de la BD, les éditeurs "contraignent" depuis toujours leurs auteurs. Ils ne font pas dans la bienfaisance et leur catalogue doit se vendre. Même Kirby et Stan Lee on reçu des coups de fil de la Marvel pour retoucher certains épisodes des "FF" ou de "Spidey"… Alan Moore a signé des séries commerciales, pour vivre, comme "Wildcats" ou "Captain Britain", il n’en est pas mort, il n’a jamais renié ses œuvres et en plus c’était de qualité.<br /> <br /> A partir d’un certain degré de notoriété, les auteurs ont plus de latitude. Si Ennis désire ne faire que ce qu’il veut, qu’il fasse comme Moore et qu'il lance sa propre maison d’édition. Mais les revenus encaissés y seraient beaucoup plus aléatoires que ceux du très rentable "The Boys" …
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M
Voilà : tu as bien compris mon point de vue. Même quand Moore livre avec Killing joke un récit terrifiant, il n'y a aucune perversité chez lui : Barbara est sans doute violée, mais on ne voit rien ; le Joker est immonde, mais jamais Moore ne le rend sympathique, y compris malgré ses origines dramatiques. Imagine ce qu'aurait fait Ennis d'un tel script ou d'un tel pitch ! Il ne peut pas (ou ne veut pas ?) envisager le genre sous un genre l'obligeant à traiter avec sérieux le héros et à le prendre comme une entité humaine et divine.<br /> <br /> Après, je n'ai pas tout lu de lui et je ne sais pas trop ce qu'il a fait d'autre. J'aime bien l'album de Ghost dont je parle. Par contre, je serai curieux de savoir pourquoi il renie le Darkness qui, pour le coup, est un personnage cynique et humain à la fois qui n'a rien de malsain même si je reconnais que les auteurs en ont fait une pourriture sympathique.
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D
"Si ce que dit Ennis était vrai, il aurait une approche à la Alex Ross qui révèle la beauté intrinsèque et la noblesse de ces personnages. Or, Ennis a besoin d'avilir les héros, ce qui est révélateur de ce qu'il est."<br /> <br /> Bonne remarque, comme tu l'écris, s'il admirait tant que cela Superman, il en aurait fait une belle histoire comme « Superman Peace on Earth » ou le splendide « Justice » de Alex Ross.<br /> Tu as donc raison, Ennis casse du héros pour casser du héros.<br /> <br /> Alan Moore partage avec G. Ennis les mêmes doutes sur les dérives fascisantes possibles des héros et des justiciers, mais il le fait avec finesse (Cf Watchmen et V). <br /> Avec “The Killing Joke” et “Whatever Happened to the man of tomorrow ?”, il avait écrit les meilleures histoires sur Batman et Superman. <br /> Il rend un hommage appuyé et tendre au genre dans le chamant et ironique "Tom Strong". Il transcende le genre avec le merveilleux Prométhéa (pour moi son chef d'oeuvre). <br /> <br /> Tu as donc raison, Ennis casse du héros pour casser du héros. Il casse mais ne crée rien à la différence de Moore.
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M
Ce que tu écris est très cohérent en regard de ce que Ennis a déclaré dans une interview accordée à Comic Box. Mais pour moi, il n'y a pas de logique entre son écriture et ses propos : la scène de viol qui, selon toi, fait perdre à l'héroïne son innocence, dépeint néanmoins le pseudo-superman comme un monstre. Et on ne peut pas faire comme si ce personnage n'était pas le reflet du Superman de DC. Exactement comme il est crétin dans The Pro. Si ce que dit Ennis était vrai, il aurait une approche à la Alex Ross qui révèle la beauté intrinsèque et la noblesse de ces personnages. Or, Ennis a besoin d'avilir les héros, ce qui est révélateur de ce qu'il est.
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