Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Menon
Archives
12 février 2010

American Psycho de Bret Easton Ellis

ELLIS

Yuppie gagnant richement sa vie, Patrick Bateman est un homme mort. Humainement et moralement. Psychopathe meurtrier, il ressent un besoin irrépressible de tuer, se livrer à des rituels sadico-sexuels d'une radicalité innommable et, dans le même temps, se complaît dans la sacralisation de son corps et de son esthétique.

Bateman est une caricature : un capitaliste totalement déshumanisé, un être pour qui l'argent, les apparences, les bons restaurants et les vêtements sont devenus les seuls points de repères le rendant réel.

Totalement fou, Bateman est un personnage profondément affligeant et bouleversant. Bouffi de haine, raciste et d'une cruauté à faire pâlir Adolf Hitler, il peut aussi pleurer de souffrance pour rien ou se montrer aussi grognon que touchant avec sa secrétaire.

Ellis a magnifiquement compris que le capitalisme de séduction était anthropophage ; ainsi, Bateman s'attaque aux pauvres et aux femmes. Le capitalisme balaye la dignité humaine et séduit les consommatrices (les hommes ne sont pas mieux lotis dans le livre). Il les baise, au sens propre comme figuré et détruit leurs corps et esprits. Ces viols et tortures ignobles révèlent le pacte satanique qu'il faut passer pour rentrer dans le monde sans vie et privé de tout repère de Bateman.

Pourtant, l'auteur se ménage une étonnante porte de sortie. Les crimes de Bateman sont-ils bien réels ? Ne souffre-t-il pas d'hallucination ? Et l'auteur de ne jamais répondre, nous laissant soin de décider si le Diable s'est incarné ou si un pauvre yuppie, totalement détruit lui-même par le capitalisme, ne se serait pas inventé une vie d'assassin pour combler un précipice vers lequel il se rapproche un peu plus chaque jour – la vision du film qui en a été tiré avec Christian Bale dans le rôle de Bateman est tout autant conseillée que la lecture de ce pavé dont les 50 premières pages sont très difficile à tenir. Mais le jeu en vaut la chandelle !

Publicité
Commentaires
C
Oui le jeu en vaut la chandelle ! Après un début étrange, on est plongé dans cet univers et quelle gifle !!!
Répondre
Le blog de Menon
Publicité
Le blog de Menon
Publicité