Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Menon
Archives
29 novembre 2009

La peau de chagrin de Honoré de Balzac

41WQ2YAK5FL

On aurait tort de commencer la Peau de chagrin en croyant lire un roman ; étude philosophique, tel est le qualificatif de ce classique de Honoré de Balzac. Étude, c'est à dire observation et analyse ; philosophique, soit l'envers du décors, la décomposition des apparences. La peau de chagrin n'est pas vraiment un roman, plutôt une étude de cas, un commentaire ontologique sur la déliquescence de la société parisienne inféodée au pouvoir de l'Argent et aussi une réflexion sur l'être-pour-la-mort.

Le livre met en scène Raphaël, un jeune homme au coeur brisé et dont l'argent lui fait défaut. Bien décidé à se suicider, le hasard le conduira néanmoins chez un antiquaire où un certain Vautrin (personnage clé de la Comédie humaine) lui donner un peau de chagrin (Balzac commet en effet une erreur sans doute intentionnelle, peau étant masculin). Ce peau peut réaliser le vœu, n'importe lequel, mais rétrécit à chaque demande prenant la vie de son propriétaire. Raphaël espère succès et richesse : il sera exaucé.

Il y a deux trois points cruciaux dans le livre : l'amour, l'argent et la vie. Sur l'amour, Balzac oppose deux figures féminines totalement opposées, une mondaine et une angélique, l'une incarnant non pas le vice mais l'appétit, l'autre nourrissant. Mais d'une manière certainement cruelle, Balzac ne semble pas donne raison à la plus noble de deux. Pour l'argent, il s'agit de dénoncer Paris, un Paris qui broie ses jeunes âmes et les réduit à l'état de mendiants ou leur enseigne le vice et la compromission. Cette féroce critique sociale fait de Balzac un discret pamphlétaire. Enfin, sur la vie, on touche à la dimension réellement philosophique du livre : qui sommes-nous ? Qu'est-ce que le désir ? Que s'agit-t-il : de vivre calmement et dans l'absence de trouble ou bien intensément mais en brûlant la chandelle ? Qu'est-ce qui implique l'économie du désir ? Quelle femme justifie qu'on se damne pour elle ? Qu'imagine-t-on de l'autre qui ne vient que d'une projection de nous-même ? Autant de questions que Balzac traite sans jamais donner l'impression de faire le philosophe.

Remarquable roman, La peau de chagrin risque néanmoins de dérouter par son style : Balzac en fait littéralement des tonnes. Il est baroque, mais pas nécessairement de la manière la plus raffinée qui soit. On devine que le livre a été écrit à la volée, sans presque de la relecture. Écriture lyrique, jouissive, qui se donne des centaines de lignes pour se faire plaisir. Refus de toute cohérence dans la narration : on passe d'une scène à l'autre par rupture, l'histoire est coupée rapidement par un long flashback sur le passé de Raphaël et un retour brusque au présent bien court avec, aussitôt, un saut dans le futur... ces cabrioles narratives risquent de laisser bien déstabilisé plus d'un lecteur mais quoi ! Le jeu n'en vaut-il pas a chandelle ?

Publicité
Commentaires
M
Je te comprends !
Répondre
C
je l'ai lue il y a bien longtemps cette "Peau de chagrin"... mais je suis toujours enthousiasmée par Balzac,malgré ses défauts...
Répondre
Le blog de Menon
Publicité
Le blog de Menon
Publicité