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Le blog de Menon
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25 octobre 2009

L'Evangile selon Saint Matthieu de Pasolini

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Considéré comme un des chefs d'oeuvre du cinéma, L'Evangile selon Matthieu par Pasolini m'a plutôt déçu : tourné dans un noir et blanc dense et dramatique, ce film prouve que le célèbre réalisateur italien n'a pas compris ce qu'il a mis en image.

Pour commencer, rien ne fait juif, ici. Les acteurs sont tous italiens et cela se voit ; les décors aussi. On ne croit pas une seule seconde se trouver en Galilée ou à Jérusalem.

Et puis Jésus, c'est qui ? Oh, il est pas mal celui qui le joue et je trouve qu'il a bien cerné l'âme du personnage. Mais enfin, monsieur Pasolini, n'auriez-vous pas oublié que Jésus, c'est un enseignant qui passe son temps à manger et boire en compagnie de voleurs et de prostituées ? Elles sont où les filles de mauvaise vie ? Parce que la Marie-Madeleine qui apparaît à l'air d'avoir la quarantaine et a un sourire de demeurée. Ils sont où les percepteurs d'impôts qui s'en mettent plein les fouilles ? N'auriez- vous pas oublié que le Matthieu qui est censé avoir écrit l'Evangile que vous mettez en image apparaît dans son Evangile ? Et il est où dans votre film ?

Pasolini a pris manifestement beaucoup de figurants plutôt que des acteurs. Les visages sont burinés et laids. On sent la volonté louable d'ancrer l'Evangile dans le terrain des pauvres gens mais il y a quelque chose de pathétique à l'image qui rend mal. Il faut dire que Pasolini adore filmer longuement des plans immobiles et semble vouer un goût particulier au gros plan sur le visage buriné et idiot de ses acteurs. Cela nous donne des images ennuyeuses et laides. Comment croire une seule seconde au Joseph qu'on nous présente ? Ah oui, notons qu'il n'y a parfois aucun dialogue : devant l'absence manifeste de talent d'acteur des figurants, on reste confondu ; même pas un petit texte pour les aider : juste leur visage inexpressif à l'écran – car Pasolini aime visiblement les visages qui ne disent rien.

Ensuite, il n'y a aucun souci d'adaptation du texte. Il le film brut, ce qui démontre un manque complet de réflexion. Exemple le plus hallucinant : le Baptiste baptise en versant un peu d'eau sur le front du pêcheur. Ben voyons ! Si on ne sait pas que le baptême consistait alors en une immersion complète dans l'eau, on perd beaucoup de la signification de l'acte et du sens métaphysique de la démarche du Christ : Jésus est censé être sans pêché, alors pourquoi se faire baptiser ? Il aurait fallu montrer que cette immersion dans le Jourdain était le moment où le Christ prenait sur lui tous les pêchés du monde et descendait dans les abysses là où règne Satan... d'une façon générale, regarder ce film aurait du éclairer et faciliter la compréhension d'un texte dont le moins que l'on puisse dire est qu'il suscite plus de questions qu'on a de moyens d'y répondre. Au final, on là une belle histoire mais guère crédible.

Néanmoins, la dernière partie du film se rattrape : à compter de l'entrée dans Jérusalem, on a enfin quelque chose de dense et l'arrestation de Jésus ainsi que son procès proposent une autre façon de filmer qui donne un peu de corps à l'ensemble.

N'en reste pas moins que les dernières images sont confondantes de niaiseries. Filmer la rencontre de l'Ange et des femmes ainsi n'est pas rendre justice à une scène aussi difficile.

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