Le discours de la méthode de René Descartes
Chez Descartes, l’orgueil le dispute
à une langue foisonnante d’un baroque enflammé. Il ne s’agit que de philosopher
après avoir fait table rase de toutes les idées et pensées des maîtres – mais pas
d’exclure Dieu du raisonnement ! – pour produire une pensée neuve et
parfaite, scientifique, vérifiée et vérifiable, rationnelle et exigeante –
comme si la philosophie et le discours scientifique pouvaient avoir quelque
prétention à l’absolu et à l’exactitude.
Aujourd’hui, ce manifeste d’une
méthode de travail paraît incroyablement prétentieux. Pour autant, chaque chose
devant être remise dans son contexte, il importe de rendre à Descartes ce que
nous lui devons : un courage de la pensée, une exigence dans le
raisonnement, un souci de l’exactitude, une prudence dans la critique de la
religion, etc.
Pour finir, néanmoins, un dernier mot sur le style de Descartes : qui ose se plaindre des écrits de Jacques Lacan ne peut que vouer aux gémonies ceux de l’ami René. Notre philosophe scientifique écrit dans une langue chargée d’un luxe de taffetas, de liserés d’argent, de froufrous, de dentelles en cascade : c’est baroque comme du Bernin, obscur comme du Villon et soporifique comme un discours de politicien.