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Le blog de Menon
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24 février 2008

Je vois Satan tomber comme l’éclair de René Girard

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Les Evangiles proposeraient-ils un mythe semblable aux autres mythes ? Après tout, la Passion fonctionne, à première vue, comme n’importe quel récit religieux du genre décrypté dans les précédents ouvrages de Girard : un phénomène d’hystérie collective, avec le choix d’un bouc émissaire, sa mise à mort dans une parodie de couronnement et d’honneurs, suivi de sa déification. A première vue, les Evangiles respectent le cahier des charges type.

Mais les choses, en apparence si évidentes, cachent une tout autres réalité, nous explique René Girard dans Je vois Satan tomber comme l’éclair : car Jésus est innocent, le texte le dit, l’affirme, et le défend. La croix révèle cette innocence et la fureur des bourreaux, tout comme la résurrection démontre que la déification n’a pas été décidée par la masse haineuse, mais affirmée par le petit groupe de disciple qui aurait pourtant du se trouver sans force, ni courage. Loin, donc, de faire l’apologie du déchaînement mimétique comme les Grecs sous couvert d’histoires merveilleuses et symboliques, les Evangiles constituent une reconnaissance sans faille de l’innocence de la victime pourchassée par ses bourreaux. Et cela en parfait lien logique avec l’Ancien Testament.

De fait, Je vois Satan tomber comme l’éclair permet à René Girard de reprendre la réflexion entamée dans Des choses cachées depuis la fondation du monde en soulignant la radicale opposition entre le récit biblique et le récit mythologiques. Deux analyses fortes et passionnantes donnent corps à sa démarche : tout d’abord, une comparaison entre le récit d’une mise à mort à Ephèse d’un « démon » qui permet à la ville de guérir de la peste et l’histoire de la femme adultère dans l’Evangile de Jean avec son fameux « Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre ». Ensuite, à travers la comparaison entre l’histoire d’Œdipe popularisée par le dramaturge Sophocle et le récit des mésaventures de Joseph en Egypte et de son accession au poste de conseiller de Pharaon.

Très beau, ce livre est nettement plus accessible que Des choses cachées depuis la fondation du monde. Hélas, découvrir René Girard par cet ouvrage n’est pas conseillé : le lecteur ne pourra pas apprécier tous les éléments du texte car il est important de bien comprendre la théorie mimétique de l’auteur pour profiter de ses développements. En tout cas, il s’avère comme particulièrement intéressant, bien écrit et fort dans ses conclusions. Une superbe étude anthropologique du fait religieux et de la spécificité du Christianisme face aux mythes gréco-romains.

Le Livre de Poche, 5,50 euros.

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