Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le blog de Menon
Archives
29 novembre 2007

Le diable en tête de Bernard Henri Lévy

51BD77NZ6VL

Pour la troisième fois je lis ce livre, pour la troisième fois je suis conquis. Le diable en tête, un des deux romans écrit par Bernard Henri Lévy est un bijou littéraire qui a remporté le Prix Médicis. Il s’agit d’un formidable ouvrage que l’on ne saurait trop conseiller à tous ceux qui voudraient découvrir un raccourci de la tentation totalitaire française de ces cinquante dernières années en quelques six cent pages.

Tout commence dans les années 40, à Paris, sous l’occupation, par le journal de Mathilde, jeune et séduisante bourgeoise mariée à Edouard, industriel collaborateur qui ne tardera pas à virer dans la paranoïa nazie avec la défaite du Reich. Mathilde donne vie à leur fils, Benjamin, qui sera ensuite élevé par Oncle Jean, meilleur ami d’Edouard, mais résistant lui, et qui fera de Mathilde sa compagne après qu’Edouard aura mystérieusement disparu de la maison. Mais un jour, le sinistre mari refait son apparition : Edouard a été se battre sur le front de l’Est et, déserteur, a été arrêté. Mathilde le convainc de se porter coupable en France pour y être jugé. Fatal erreur car il sera condamné à mort ; on tait la vérité à Benjamin et on invente un passé de héros à son père. Comme tout secret de famille de ce genre, il sera un jour éventé par l’enfant qui, bouleversé, décidera de s’inventer un destin, tragique, celui d’un terroriste.

On ne sait sur quoi s’extasier ici. Lévy a une plume magnifique et se révèle impressionnant tant il semble capable de changer de personnalité. En effet, le roman s’ouvre sur le Journal de Mathilde, se poursuit sur une discussion entre le présumé auteur du livre (Lévy, qui s’amuse à faire de ce livre une enquête journalistique) et Oncle Jean, se poursuit par les lettres de Marie, compagne de Benjamin, fait un détour par le point de vue d’Alain Paradis, avocat de Benjamin, avant de finir par la confession du principal intéressé. Et, à chaque fois, une façon différente d’écrire, des émotions bien particulières, des sensations ressenties différemment. C’est un tourbillon historique dans lequel on se trouve entraîné et qui nous fascine tant il semble réel.

De plus, l’auteur a le chic pour nous éblouir par sa culture littéraire. Peut être trop même tant les personnages féminins du livre semblent être des spécialistes des grands auteurs. Mais cela ne choque guère et on se plaît à visiter un Paris, celui de mai 68, des maoïstes, de la régie Renault, des cours de Jacques Lacan, du bureau de Louis Althusser… Pour le connaisseur, c’est un bonheur, Lévy ayant connu tout cela de près ; pour les autres, même s’ils ne maîtrisent pas les références citées, soit ils apprendront, soit ils ne perdront rien de l’histoire.

Le livre est quant à lui tragique, dans le sens noble du terme, presque théâtrale, fabuleusement passionnant, se dévorant, le style intime du roman aidant à y rentrer. La langue est belle, noble ; les phrases soigneusement écrites ; on peut parfois se sentir agacé d’une certaine préciosité, mais toujours, on reste captivé. Un roman qui plaira, il me semble, avant tout à un public féminin, sans pour autant exclure les hommes dont je fais partie.

Le livre de poche (épuisé, mais encore trouvable en occasion chez Amazon)

Grasset, 20,60 euros.

Publicité
Commentaires
M
C'est gentil Cathe, merci ^__^
Répondre
C
Celui-là je l'ai lu il y a très longtemps, j'en garde un souvenir un peu confus mais ébloui ! Et tu me donnes envie de le relire :-)
Répondre
Le blog de Menon
Publicité
Le blog de Menon
Publicité