Le premier sexe d'Eric Zemmour
On en a dit du mal du Premier sexe : les thuriféraires d’Alain Soral, dont le principal intéressé, y ont vu une honteuse copie de Sociologie du dragueur, ouvrage culte parmi les beaufs incultes qui n’ont jamais lu Freud et croient pouvoir s’en servir pour affirmer l’infériorité de la femme. On a aussi présenté ce pamphlet comme un livre anti-femmes, bref, un essai machiste, du même niveau que le honteux pamphlet sus nommé.
Ah ! décidément, personne n’a du lire ce livre ! Eric Zemmour, grand reporter au Figaro, se lance en fait avec Le premier sexe dans une analyse psychologique de l’homme occidental et européen Français. Questionnant le statut de l’homme d’avant la guerre et sa métamorphose en métrosexuel féminisé aujourd’hui, il en tire une lecture et une analyse qui se révèlent d’une grande intelligence et auxquelles on aura bien du mal à opposer des critiques.
En substance, il explique que l’homme a effectivement toujours joui d’une autorité et des privilèges sur la femme mais qu’en compensation, l’homme devait fournir un travail de composition du champ social, à savoir imposer le Nom-du-Père au fils pour que la structure familiale reste soudée, solidaire et obéissante, et s’occuper du « sale boulot » que représente la politique, à charge aussi pour lui l’aventure humain et la direction de la société.
Le féminisme, comme toutes les doctrine en « –isme », loin d’être uniquement une philosophie positivant la personne de la femme, entend en fait non faire de la femme l’égale de l’homme mais le contraire. Sa doctrine égalitariste détruit le fondement même du genre en invitant l’homme à rendre les armes, ce qu’il a accepté avec joie. Mais cette féminisation du mâle conduit ce dernier à ne plus pouvoir rendre heureuse une femme et à la fuir dès lors que survient une difficulté avec elle, notamment dans son couple.
Corollaire de tout cela, la montée de la violence sexuelle, notamment par les immigrés, revanchards face à une société féminisée, la montée du vote raciste, posture machiste bête trahissant la faiblesse et l’inquiétude et développement du porno violent pour faire payer, par une voie détournée, à la femme son audace.
Je synthétise, bien sûr, et on sera bien inspiré de lire le texte sans prendre mes propos présents comme des vérités assénées sans développement. En tout cas, la vision de Zemmour se soutient de sa compréhension de la théorie du Nom-du-Père qui l’autorise d’une lecture ambitieuse de la société actuelle. On lui reprochera essentiellement de mésestimer la possible harmonie de couple au-delà du problème de la féminisation de l’homme. Car à lire Zemmour, seul le mâle, le vrai, soutiendrait le désir de la femme en l’inscrivant dans sa plénitude masochiste. C’est faire peu de cas du désir d’entente, de la question du rapport humain qui refonde tout le couple, ce dernier étant constitué par un principe d’amitié qui fait le lien entre l’éros et l’agapé : on ne s’aime pas uniquement pour le sexe et on ne croit pas non plus en l’amour inconditionnel, mais grâce à la philia, on entend la possibilité de fonder le couple sur un rapport humain, sensible et intellectuel qui dépasse le clivage manichéen du désir amoureux. Néanmoins, les propos de Zemmour sur les hommes quittant leurs femmes dès qu’ils tombent amoureux d’une autre est intéressant.
De la même façon, sa lecture anti-raciste du problème de l’immigration, au profit d’une lecture Phallique autorise un nouveau dialogue possible avec l’autre qui passe par une revalorisation de son image virile et la possibilité par le lien affectif, la philia, de transcender la différence pour toucher à l’intime de l’être.
Un essai extrêmement vivifiant donc, indispensable à lire et qui permet de s’attaquer aux problèmes sociaux nous entourant en les découvrant sous un jour nouveau et enrichissant.
Denoël, 10 euros.
Je donne les liens (cliquez ici pour la première vidéo, et là pour la seconde) de l'intervention d'Eric Zemmour chez Thierry Ardisson, face à Clémentine Autin. C'est très intéressant même si la vision donnée de son livre s'avère caricaturale. Toutefois, pouvoir bénéficier d'un contre point de vue me parait essentiel.
Par ailleurs, je noterais une chose très forte que l'on voit dans ces deux vidéos et qui donnent une bien piètre image des hommes. Monsieur Francis Huster se comporte d'une manière choquante à l'égard d'Eric Zemmour qu'il menace de faire quitter le plateau et on comprend bien que c'est pour aller lui en coller une. Là où Zemmour a un physique malingre, se tient vouté et a un visage d'enfant - bref on ne peut pas dire qu'il fasse très viril - Huster, tout de noir vêtu, se tenant droit et le visage plein de morgue et de mépris a une attitude à la fois choquante au niveau verbal mais aussi en terme de comportement... Alors, au lieu de crier que les "hommes sont des salauds" (comme si l'homme existait ! Rappelons que Diogène, lui, ne l'avait jamais trouvé), monsieur Huster ferait mieux de se comporter avec civilité et respect de l'autre, comme Clémentine Autain qui, sans se montrer agressive et méprisante, défend à merveille ses convictions.