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Le blog de Menon
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11 octobre 2007

La littérature à l'estomac de Julien Gracq

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Le constat que dresse Julien Gracq sur la littérature de l’après-guerre dans sa Littérature à l’estomac se révèle d’autant plus intéressante qu’il a parfaitement senti dès 1949 que la promotion du livre était en passe de prendre une place considérable dans la vie littéraire française, au point que le travail des auteurs n’était plus tellement lu que seulement discuté.

Il rappelle avec justesse que la France est un pays où la chose imprimée jouit d’un certain prestige et où l’on a habitude de parler de livre, des auteurs, de leur travail (tout du moins à l’époque, l’inculture de nos concitoyens rend la probabilité de voir des jeunes gens ou des adultes, en plein dîner, évaluer entre eux un auteur particulièrement absconse – on notera par contre que le phénomène des blogs comble un précipice et réunit, dans des communautés, des amateurs de littérature qui comptent aujourd’hui comme une force. Demander aux attachées de presse quel regard ils portent sur les blogs et vous comprendrez leur importance.). Mais depuis la fin de la guerre, la technicité du monde a atteint des niveaux tels que personne ne peut plus aller directement à la source pour se cultiver. Il est impossible de comprendre l’état précis des dernières recherches scientifiques sans être soi-même un scientifique : il faut donc passer par la presse pour appréhender les travaux recensés.

Or, pour la littérature, déplore Gracq, la situation est la même alors qu’elle ne le devrait pas, un livre étant toujours plus ou moins accessible. Aujourd’hui, on parle de livres qu’on ne lit pas à des jamais qui ne l’ont pas non plus ouvert mais qui en parlent tout autant volontiers. Rares sont désormais ceux qui lisent encore.

Voilà un constat qui se vérifie : mais heureusement, les blogs sont en train de casser cette triste réalité. Les gens qui lisent sont légions et ont enfin la possibilité d’échanger pour de bons, de donner envie à d’autres de lire et ensuite de comparer leur vision des livres. Les paroles de Gracq sont donc fort pertinentes en cela qu’il avait bien compris quel danger menaçait la littérature. Mais comme il ne pouvait se douter qu’un jour naisse Internet, on lui pardonnera volontiers son manque d’optimisme.

José Corti, 10,50 euros (attention ! Livre non massicoté : vous devrez trancher vous-mêmes vos pages comme au bon vieux temps de grand-papa)

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