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Le blog de Menon
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3 mai 2007

Monsieur Klein de Joseph Losey

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Monsieur Klein conte l’histoire d’un homme qui, pendant l’occupation de la France par l’Allemagne, profite du désarroi des familles juives forcées de fuir pour racheter leurs biens à petit prix. En raccompagnant un client à sa porte au début du film, il découvre un journal juif d’information posé sur son pallier : s’en étonnant, il ne tarde pas à découvrir qu’il porte le même nom qu’un homme juif mystérieux. Fasciné par ce double ne cessant de le rattraper, monsieur Klein tente de le rencontrer pour savoir pourquoi ce dernier le harcèle.

Ce film récompensé par de nombreux prix lors de sa sortie met la lumière sur la période noire de la France, l’occupation. Son scénario, à l’ambiance kafkaïenne, repose sur un sentiment d’étrangeté et de fascination muette pour les zones sombres de l’homme. Il met en scène un Alain Delon impeccable dans le rôle d’un homme bien sous tout rapport mais qui porte néanmoins en lui une part de ténèbres. On ressent bien cela au tout début du film, lorsqu’il force la main du Juif venu lui céder un tableau ou à sa façon de traiter sa compagne. Cette dernière semble visiblement sous sa coupe, entretenant une relation sur laquelle on ignore presque tout mais semblant revêtir un caractère pervers.

Ainsi, monsieur Klein devra aller au bout de lui-même, au bout de son identité, au bout de son existence. Mais cette quête, cette remise en question, ne se fait pas de manière consciente, mais de façon fantasmée et subliminale : Klein part à la recherche de son étrangeté, de son côté juif. Ne lui dit-on pas qu’il ressemble comme deux gouttes d’eau à ce monsieur Klein sémite au point où on les confond ? Finalement, ne sachant plus qui il est, il lui faut trouver cet autre lui ressemblant tellement.

Il y a quelque chose de Narcisse en lui et Delon porte cette idée avec un visage étrange, élégant mais décalé, comme s’il vivait en dehors du monde, au-delà de lui-même. Il y a une dimension irréel et improbable de son personnage le rendant quelque peu difficile à suivre et à comprendre. Mais l’acteur a ce charme et cette personnalité le rendant totalement visible et transparent à la fois : visible car il occupe l’espace comme aucun acteur et transparent en s’offrant comme réceptacle au phantasme du spectateur. Ce dernier croit alors lire sur le visage de l’acteur le reflet imagé de son Soi-même : Delon autorisant l’écriture du fantasme sur les traits de son physique.

Studio Canal, 16,99 euros.

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Commentaires
D
Delon est excellent aussi dans un film d'Alain Cavalier " l'Insoumis" ( il déserte pendant la guerre d'Algérie) et dans la " Veuve Couderc".
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D
de Losey et un des meilleurs rôles de Delon. Le film a été un échec public à sa sortie et c'est dommage.
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M
Oui, j'ai vu et beaucoup aimé ce film. J'aurais pu en parler aussi. Je le ferais peut-être d'ailleurs... Merci en tout cas pour votre point de vue !
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C
interessante critique des 2 films avec Delon et notamment" mélodie en sous sol" ..que je connais par coeur.. dans le meme registre pour Delon ..visible et transparent ..avez vous vu le Samourai de Melville..c'est un régal.. <br /> cordialement
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