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Le blog de Menon
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3 mai 2007

Mélodie en sous sol d'Henri Verneuil

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Ce film commence mal : Mélodie en sous sol démarre mollement avec un Jean Gabin qui semble s’ennuyer et nous refait son numéro de « Je sais, je sais ». Sorti de prison, son personnage est pressé de refaire un coup devant lui faire gagner une véritable fortune. Mais pour cela, il a besoin d’un assistant. Il propose alors à Alain Delon de le rejoindre. Ce dernier incarne une petite frappe de 28 ans (on s’amusera à noter qu’il a réellement 28 ans au moment du tournage – 1963 – mais qu’il fait bien plus) sans aucun charisme et même antipathique.

Mais lorsque le scénario démarre pour de bon, une fois que Gabin a engagé Delon pour jouer le rôle de jeune riche désinvolte et qu’il l’envoie dans un hôtel de luxe de Cannes en lui demandant de se ménager des entrées au casino attenant, le film prend toute son ampleur. Car, Delon cannibalise totalement l’image : oublié Gabin ! Le vieux, en comparaison de lui, n’a que peu d’intérêt. Delon semble fait pour ce rôle : un voyou se faisant passé pour un fils de bonne famille, décidé à séduire une danseuse pour s’offrir un accès au casino mais qui finit par en tomber amoureux a quelque chose de tragique et de vrai. On sent que l’acteur se révèle, son personnage de jeune voyou n’était qu’un leurre : Delon est panthère, félin dans la peau d’un homme. Nerveux, sensuel, agressif, ordurier même, il a tout du blouson noir, mais avec ce regard glacé et séducteur, cette incroyable classe et présence.

La scène du casse s’impose comme la scène la mieux filmée du métrage. Sa puissance conditionne la dernière ligne droite du film : les auteurs se sont vraiment posés de bonnes questions de mises en scènes pour conclure leur récit ; il le fallait car le casse terminé, on se demande ce que Henri Verneuil va bien pouvoir faire de plus. La réponse nous soufflette : il fait encore mieux, il va encore plus loin ! On n’en dira pas plus, au risque de tout gâcher, mais il y a quelque chose qui touche à la tragédie : sans que Delon et Gabin ait une seule ligne de dialogue, ils habitent totalement l’écran et dans leurs silences tendus, on se sent crier de dépit à leur place.

Mélodie en sous-sol est une merveille, disponible dans une belle copie chez René Château vidéo et notamment avec sa piste son en mono et une nouvelle version en 5.1. Question bonus, on retrouve les filmographies et des interviews aussi brèves qu’intéressantes sur le tournage du film.

René Château Vidéo, 15 euros.

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