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Le blog de Menon
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13 avril 2007

Lecture psychanalytique de la Bible

Grun015

Personnalité désormais connue des lecteurs chrétiens en quête de spiritualité, Anselm Grün a écrit un court opuscule, mais d’une certaine densité, Lecture psychanalytique de la Bible. Ce petit livre reprend des cours prononcés par le moine bénédictin : ils sont très simples et accessibles, une marque de fabrique de l’auteur.

Grâce à sa méthode analytique, Grün entend proposer à son lecteur un moyen simple de livre les Évangiles (Grün traite en effet uniquement du Nouveau Testament). Pour lire ces textes sacrés, il s’inspire de la méthode psychanalytique de Carl Gustave Jung et d’un exégète allemand auteur d’un important ouvrage sur ce thème.

Sa façon de lire les miracles de Jésus ou encore de comprendre les moments de sa Passion sont motivés par un principe premier : rechercher les symboles dans les récits de façon à en produire une doctrin enrichissante d’un point de vue psychologique.

Si la méthode se révèle effectivement simple d’utilisation, elle ne s’apparente en réalité pas à de la psychanalyse. En effet, l’art inventé par Sigmund Freud a pour but de rendre intelligible nos propres questionnements et souffrances internes : il doit permettre de lire des images mentales, de rendre signifiant l’incompréhensible. Or, Grün entend utiliser la psychanalyse comme un moyen et non pas comme une fin pour prouver que les Évangiles sont des œuvres amenant à un bien être naturel. Selon lui, celui qui lit les Évangiles et en ressent de l’angoisse n’a simplement pas compris les paroles de Jésus et se montre résistants à son message (en cela, il ne perçoit pas que l’angoisse a un sens et qu’il convient non pas de la condamner, mais de la comprendre). Pratiquer la lecteur psychanalytique n’a donc pour lui d’autre but que de vérifier la pureté du texte. Grün aurait pu pourtant s’intéresser aux images révélées par le texte, penser les Évangiles comme des mythes réactualisés ou encore déchiffrer des significations cachées derrière les paraboles qui éveilleraient en nous une compréhension plus intime de nous-mêmes. Mais en fait, il n’a pour autre but que de démonter que Évangiles = vérité bonne à entendre.

Sa démarche est donc anti-scientifique car la psychanalyse n’a pas pour vocation de juger ou de dire le bien et le mal ; mais après tout, on peut comprendre le point de vue de Grün qui est croyant : néanmoins, ses analyse se révèlent malgré tout fort décevante. A trop vouloir éliminer tout aspect angoissant, tout problème, à vouloir faire des paroles du Christ des indications de psychothérapeute digne de Psychologie magazine, Grün finit par castrer le Nouveau Testament : il lui ôte toute sa dimension révolutionnaire, toute sa tonalité violente, toute son eschatologie, toute prétention à un bouleversement complet de soi pour le rendre liquide, apaisant et en d’autres termes fade.

Seule l’introduction du livre rachète les défauts de ce livre en proposant une pertinente présentation de la lecture des Livres à partir de celle des Pères de l’Église. Certes, c’est oublier toute la réflexion juive, mais au moins, Grün montre à quel point le texte peut faire sens lorsqu’un Origène le lit et le commente. On ne ressent donc les propres analyse de Grün que comme plus médiocres en regard de celle de ce grand penseur.

Mediaspaul, épuisé.

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