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Le blog de Menon
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6 mars 2007

Notre Père de Jean-Yves Leloup

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Notre Père qui es dans les cieux!
Que ton nom soit reconnu pour sacré,
que ton règne vienne,
que ta volonté advienne
- sur la terre comme au ciel.
Donne-nous, aujourd'hui, notre pain pour jour;
remets-nous nos dettes,
comme nous aussi nous l'avons fait pour nos débiteurs;
ne nous fais pas entrer dans l'épreuve,
mais délivre-nous du Mauvais.

Cette prière, qui l’ignore ? Certainement par ceux et celles ayant assistés à la messe sur les bancs de l’Eglise chrétienne. Le Notre Père aura été psalmodié des centaines de fois dans une année : ce message, cette poésie, cette prière, elle est l’œuvre de Jésus lui-même : dans les Evangiles, lorsque les apôtres lui demandent une prière pour s’adresser à Dieu, il leur apprend le « Notre Père ». Ce texte se retrouve chez Luc et Matthieu et se retrouve sous deux formes légèrement différentes… Ces mots ont été tellement rabâchés, répétés sans toujours en comprendre leur sens que Jean-Yves Leloup a voulu proposer dans un livre simplement intitulé Notre Père une explication, ou plutôt une lecture qui, loin d’épuiser la plénitude de cette prière, permet de la repenser.

Chaque ligne de texte se trouve alors discuté et commenté : à travers un mécanisme de réflexion reposant en grande partie sur la psychologie de type lacanienne ou à travers la philosophie des Pères du désert, Leloup prend les mots comme s’ils s’agissaient d’orange et, en les pelant, nous fait progressivement goûter leurs saveurs profondes :

Ainsi, que faut-il entendre par « Que ton nom soit reconnu comme sacré » ? Leloup y voit l’évocation des différents Noms de Dieu dans la Bible, laissant voir que si Dieu ne se dit pas et ne s’intellectualise pas, les mots le désignant nous permettent d’en appréhender un sens, aussi réducteur soit-il, fort et touchant.

De même qu’en est-il « de remettre nos dettes comme nous l’avons fait pour nos débiteurs » ? Par dettes, on entend bien sûr pêché. Mais pourquoi doit-on pardonner  à ceux qui nous ont blessés, fait souffrir et salis ? En fin psychologue, Leloup saisit bien que le bourreau exerce son emprise seulement si la victime y consent, en le reconnaît dans son statut de bourreau. Or, en pardonnant à l’autre, on apprend à se détacher de lui : ainsi ne dépend-t-on plus de sa perversion et peut-on vivre de nouveau.

Ces quelques exemples permettent de prendre conscience de la richesse des interprétations et analyses soulevées par Jean-Yves Leloup. On peut toutefois regretter que la lecture de son livre soit parfois bien cryptique : l’auteur s’adresse à un public cultivé, possédant une certaine culture théologique et psychologique. Dommage, en effet, car cette prière d’une grande simplicité aurait mérité que son exégèse le soit tout autant. De plus, les personnes connaissant les autres livres de Jean-Yves Leloup auront sans doute une impression non pas de redite, mais avanceront en terrain conquis car on retrouve ici une vision psychologique de l’homme développée par l’auteur dans son commentaire de l’Evangile de Marie… Néanmoins, ce petit livre séduira sans doute par sa richesse et son découpage le rendant très facile d’accès : chaque chapitre pouvant être lu indépendamment des autres et servir de source de réflexion ou de méditation.

Editions Albin Michel, 14 euros.

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