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Le blog de Menon
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28 février 2007

Le Désir de Pierre Rey

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Le Désir, essai de Pierre Rey a vertu pédagogique : car ce désir, comment s’entend-t-il ? Lacanien, Pierre Rey entend en parler dans une langue non spécieuse, donc non lacanienne, mais pas forcément intelligible pour autant.

De la nature du désir, la logique lacanienne dénie toute tentative de le nommer et le dire : le désir est manque ; par le creux qu’il laisse et par son silence, il nous fait vibrer éternellement. Nous croyons satisfaire des désirs, alors que nous sommes mus par un seul désir, dont la nature secrète dénote la raison majeure de notre être.

De là en découle nos soucis d’amour : car, on croit aimer une femme, là où l’on aime un morceau de cette dernière, comme un sein ou une fesse, qui sont eux-mêmes des signifiants inintelligible, sauf lorsque l’on déchiffre leur sens caché, celui nous renvoyant justement à notre désir. De là aussi découle nos réussites et échecs. Là où on échoue, parfois on réussi à mettre en branle sa vie : ne pas posséder quelque chose nous permettra de toucher à ce que l’on veut secrètement ; et parfois, réussir implique de nier et trahir le sens profond de son désir et donc de se perdre en croyant pourtant avoir atteint le bonheur.

Ce petit essai est écrit dans une langue de l’énigme, mais non pas énigmatique. Le sens paraît simple à percer, on comprend facilement Pierre Rey, mais aussitôt un chapitre terminé, on se sent bien incapable de le résumer. Pourquoi ? Echec de l’auteur ? Non pas : car la psychanalyse a pour but d’éveiller et non pas de domestiquer. Il ne s’agit pas de faire de nous un thuriféraire, mais plutôt de nous amener, par la poésie du mot et du langage, à ressentir les choses plutôt que les intellectualiser.

On peut donc lire ce livre sans complexe : qu’importe qu’on s’y perde sitôt fini : il s’agit d’en conserver au fond de soi la finesse, à savoir le sens général, la portée de la pensée ; la beauté de ce texte est qu’il nous offre les moyens de penser, de se penser, sans nous entendre asséner : « Voilà ce que vous êtes ! ». Certes, il s’agit d’une introduction à Lacan, et certainement pas un ouvrage complet comme le sont les Ecrits ou les Séminaires : mais pour entrevoir la complexité de la langue du docteur Jacques, ce Désir constitue une très bonne introduction à la praxis psychanalytique.

Editions Plon, épuisé.

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