Le cinquième Evangile de Bernard-Marie

Le cinquième Evangile, c’est un peu « Jésus pour les moins cultivés » : l’auteur, de l’ordre des Franciscains, a supervisé ce recueil censé contenir des paroles de Jésus. Parmi les sources, on retrouve des variantes des Evangiles, des éléments du Talmud juif, des visions de saints, et aussi des textes retrouvés sur papyrus.

La question, évidemment, est : « qu’est-ce que ça vaut ? » Eh bien, la réponse sera contrastée. Le gros, l’énorme défaut de ce livre est son style : il n’est pas écrit dans une langue religieuse. Hermann Hesse, sur Siddhartha, fait mieux que ce Franciscain avec Jésus ! Pourtant, l’un n’est pas réel, et l’autre si !

« Jésus pour les moins cultivés » disais-je parce qu’ici, aucun sentiment de malaise ou d’imprécision ressentis à la lecture des Evangiles : tout est soigneusement expliqué, trop d’ailleurs : Jésus sauve un innocent de la mort, console des pêcheurs, guérit des malades. Ca fait un peu Jésus super héros pour tout dire, comme si, ça y est, on y était et qu’on avait le droit aux Nouvelles aventures de Jésus. Pas très crédible. Pourtant, les histoires ne sont pas inintéressantes, loin de là, et certaines sont vraiment belles. Mais le style plombe tout et donne l’impression de lire un roman.

Enfin, autre problème, l’absence de source. De l’aveu de l’auteur, les paroles de Jésus ont été disséquées et remaniées pour en faire des récits, et il n’a pas été donc possible de donner les références de leurs provenances. Comment dire ? Excès de légereté ? Parce que, à ce stade, ce n’est pas un recueil de paroles inédites, mais de paroles réécrites et comme on ne peut se rendre compte du travail de l’auteur, on en vient à douter de tout. De plus, les quelques références des citations présentent dans le texte sont, vous allez rire, en abréviation et la bibliographie finale ne les donne pas en référence pleine ! Ainsi, vous vous retrouvez avec des lettres que l’on identifie parfois facilement et à d’autres moments pas du tout. Mais qui a relu ce manuscrit ?

Pour autant, ce Cinquième Evangile n’est pas mauvais. Mais si vous avez aimé les Evangiles ou que vous soyez en pleine quête spirituelle, vous serez déçus. Par contre, si vous recherchez une version light et facile d’accès de l’enseignement de Jésus, vous trouverez ici votre compte puisque tout concourt ici à justifier la doctrine catholique – nul surprise, donc, de constater que cet ouvrage à reçu l’imprimatur de Rome !

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