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Le blog de Menon
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2 mars 2006

Lacan, le retour à Freud Michel Lapeyre et Marie-Jean Sauret

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Je suis actuellement en train de lire l'ouvrage suivant : Lacan, le retour à Freud, signé de la main de Michel Lapeyre et de Marie-Jean Sauret. Les auteurs sont pour le moins compétents : la quatrième de couverture nous apprend ainsi qu'ils "sont tous deux psychanalystes à l'Internationale des forums du champ lacanien, enseignants à l'université de Toulouse et chercheurs à l'ERC (Equipe de recherches cliniques)".

Visiblement, les qualifications ne suffisent pas à faire les bons ouvrages...

Ce livre sur Lacan est édité par les Editions Milan qui publient de petits ouvrages de type "fiches de BAC" présentant tout ce qu'il faut savoir sur un auteur, un évènement ou un thème. Seulement voilà, tenter de résumer Jacques Lacan et sa philosophie psychanalytique (chez Lacan, philosophie, psychologie, poésie, littérature, anthropologie et linguistique se répondent et se rejoignent) en une soixantaine de page pose un réel problème. Un problème de sens : Lacan refuse la catégorisation et la simplicité du discours. Pour lui, le sens doit jaillir et pas s'imposer à l'élève. Jamais ne cherche-t-il à donner des informations fiables à son lecteur : il veut inférer chez lui une réflexion et une mise en réflexion de ses paroles à lui, le maître.

Du coup, retrouvez Lacan écrasé et formaté au petit format des Editions Milan donne l'impression que, non seulement sa pensée est absolument indigeste, mais en plus qu'on a affaire à la théorie d'un illuminé. Explication : En résumant les idées de Lacan, les auteurs sont obligés, format oblige, de passer sous silence le cheminement originel de la pensée et, du coup, en oubliant les prémisses de la réflexion, l'ontologie de la pensée Lacanienne passe à la trappe. Plus fort encore, Lacan a toujours été tenté par le rapprochement des mathématiques et de la psychanalyse : créer un système d'équations qui permettent de postuler des idées de manière totalement objectives. Et on retrouve bien sûr ici ce que Lacan appelle des mathèmes... Seulement voilà, à lire ainsi s'étaler des formules sans fondement objectif, et à suivre des élucubrations sur la jouissance, le désir, le signifiant et le signifié, on a tout de même l'impression (et l'ironie de ceci n'échappera à personne) de lire les délires d'un paranoïaque, d'un déséquilibré cherchant à donner un fondement scientifique à ses propres névroses obsessionnelles.

Certains estimeront que Lacan est peut-être fou, ou qu'il s'agit d'un imposteur. Les deux hypothèses ne sont pas totalement absurdes, loin de là. Ainsi, je ne cesse de me dire la chose suivante : Lacan ne pouvant être Freud, il aura donc été son (re)lecteur, son exégète, exactement comme l'a été Alexandre Kojeve vis-à-vis de Hegel. Freud et ses écrits ont donc une dimension religieuse : il faut retrouver le sens du texte, revenir au matériau de départ. On commente la Bible, la Thora ou le Coran... Lacan, lui, commente Freud.

Pourtant, pour avoir lu (et cela a été ardu) Les écrits techniques de Freud de Lacan (premier ouvrage du séminaire), je crois, au contraire, que l'homme a une pensée de tout premier plan. Certes pas évidente à suivre, certes complexe et pleine de circonvolutions parfois hasardeuses et surtout cruelle (jamais de conclusion donnée à ses développements - débrouillez vous pour saisir !), mais aussi et surtout terriblement jouissive, incantatoire, puissante et violente.

Donc, et tout ça pour en arriver à cela : si jamais Lacan a un quelconque sens, c'est bien dans le texte même de sa pensée. Cela me fait penser aux Ecrits techniques..., dans lequel il explique que la traduction de l'Allemand au Français des oeuvres de Freud a dénaturé le sens du texte originel et que, finalement, on lit un texte dont le sens a été tronqué (Ah ! Cela évoque tellement la lecture de Heidegger par Sartre qui, en se trompant sur le sens du texte, en est venu à élaborer l'existentialisme !). Et bien là, c'est idem : lire ce livre n'a presque aucun sens ni intérêt. Préférez la lecture réelle des écrits de l'homme. Le chemin est rude, mais pas dénué d'intérêt, loin de là.

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