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Le blog de Menon
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2 août 2005

Gorgias

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Pour tous ceux qui pensent qu'une discussion de philosophie est aussi lourde et soporifique qu’un concert de Mireille Matthieu, je vous invite à lire le Gorgias de Platon. Son maître Socrate s'entretient poliment avec un sophiste (soit un maître en rhétorique) qui a déjà une belle carrière derrière lui. Trop faible, Gorgias se fait verbalement rosser par un Socrate qu'on ne connaissait pas aussi sévère et dur. Le jeune Polos, assistant de son maître, vient à sa rescousse, mais Socrate le domine et Polos passe pour le dernier des crétins, ne se rendant même pas compte qu’il tend le bâton pour se faire battre… C'est alors que Calliclès arrive. Sombre, malin, dur, il a l’intelligence aiguisée et la mauvaise foi chevillée aux lèvres. Socrate engage alors un bras de fer terrible avec ce dernier, mais Calliclèe refuse de reconnaître ses erreurs, même lorsqu’il constate qu'il se trompe,. Socrate le malmène alors, le déconcerte, brise ses arguments un par un et lui assène un violent coup de moral.

Discussion partie sur la rhétorique, le Gorgias tente de définir ce qu'est un homme heureux et s'il faut mieux pratiquer l'injustice que la subir. Discussion d'une modernité surprenante ! On peut faire l’analogie entre la rhétorique et le discours publicitaire, mais aussi vis-à-vis de la politique et sa capacité à endormir la vigilance du peuple. Quant il parle du tyran et de la souffrance, Platon n'annonce rien de moins que la psychanalyse en énonçant le concept de refoulé, et faisant de la justice une valeur supérieure, posant notamment les fondations de ce qui sera la morale chrétienne.

Texte difficile à lire – trop aride et complexe par moment –, il reste néanmoins d'une remarquable exigence, d'une violence peu commune et, pour peu qu'on y prête un peu l'oeil et qu'on mette en rapport le discours tenu à la situation politique de notre époque, on découvre des choses surprenantes sur notre société et notre propre éthique.

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